Le président de la République Béji Caïd Essebsi, a rencontré, mercredi 27 juillet 2016, «de manière informelle» un groupe de journalistes, apparemment des journalistes acquis à ses thèses et à celles de ses porteurs d’encensoir (ses conseillers), en ce sens où, à titre indicatif, aucun journaliste de l’Agence Tunis Afrique Presse, la mémoire du pays, n’a été invité à cette rencontre. Ce qui en dit long sur la vision sectaire des médias par le chef de l’Etat, censé être le président de tous les Tunisiens et se comporter avec tous les organes de presse sur un pied d‘égalité. Nous en avons recueilli quelques informations.
Le journaliste du site électronique Sabah News, Hafedh Ghribi, qui a été convié à cette rencontre, en a révélé dans un compte rendu quelques éléments d’information.
En voici les plus importants.
BCE a révélé que son appel pour la création d’un gouvernement d’union nationale (GUN) est une initiative qu’il a prise individuellement sans consulter et sans en informer aucune personne et aucune partie.
BCE a déclaré qu’il assume personnellement et seul la responsabilité de l’échec ou du succès de cette initiative. La question qui mérite d’être posée ici est la suivante (NDLR): pour un président qui a 90 ans et qui ne consulte pas en plus ni ses conseillers, ni ses alliés, ni ses proches collaborateurs, que vaut une telle déclaration? Elle est sans lendemain.
Le président de la République a indiqué qu’il n’a d’autre choix que de réussir «pour ne pas sortir de l’Histoire par la petite porte».
BCE a été interpellé sur le degré de son respect de la légalité des urnes et sur le fait que s’il a été à la hauteur des aspirations de ses électeurs. A cette question, BCE a répondu de manière évasive qu’il est le premier à respecter la loi même s’il n’est pas d’accord avec cette loi.
Il a rappelé que la Constitution l’a doté de prérogatives limitées et qu’il manœuvre dans les limites de ces attributions. Parmi ces attributions, il a cité la sécurité nationale dans son acception globale -et là c’est une nouveauté majeure-, c’est-à-dire un volet englobant non seulement les forces sécuritaires, la défense du territoire national mais aussi la protection des richesses du pays et la garantie de leur production dans des conditions acceptables (allusion aux arrêts de travail dans le bassin minier, à Petrofac…), d’où la possibilité de déclarer les sites de production “zones militaires“.
Invité à être plus précis et à donner son avis sur la probabilité d’un tel scénario dans le bassin minier de Gafsa, BCE a répondu, de manière subtile: «vous croyez que je n’ai pas pensé à un tel scénario?».
Autre élément d’information révélé par un autre journaliste qui a participé à cette rencontre, en l’occurrence, Neji Zairi de Mosaïque FM. Ce dernier a indiqué que BCE avait abordé l’impératif de créer -par son initiative de former un gouvernement d’union nationale- un choc psychologique car il était devenu impossible de continuer avec l’actuel gouvernement, et ce pour plusieurs raisons. Parmi ces raisons, BCE a cité le recours excessif à l’endettement, rappelant que durant la seule année 2016, 16 accords de prêts ont été conclus.
BCE (NDLR) a omis toutefois que lui-même avait contribué à ce recours excessif à l’endettement. Il a effectué en 2016 plusieurs visites officielles dans plusieurs pays du monde, particulièrement du Golfe pour quémander des prêts. Sans commentaire.
ABS