Qui est donc ce «grand dirigeant» du monde qui s’est inquiété des conséquences des tiraillements à Nidaa Tounès et appelé Béji Caïd Essebsi à «intervenir»?
Les hommes et femmes politiques, mais aussi les observateurs avertis comme le commun des Tunisiens, se sont perdus en conjectures. Mais qui est donc le dirigeant international de premier plan qui a appelé le président Béji Caïd Essebsi pour l’inviter à intervenir en vue de mettre fin aux tiraillements au sein de Nidaa Tounès? Ce que le fondateur de ce parti a fait en proposant la constitution du «Comité des treize» qui semble avoir œuvré en ce sens sans pouvoir pour autant régler cette crise qui demeure ouverte à toutes les hypothèses y compris la partition du parti ayant obtenu la première place aux élections législatives de 2014.
En effet, lors de l’ouverture des Journées de l’entreprise à Sousse (4 et 5 décembre 2015), le Président de la République a révélé qu’il a jugé opportun d’intervenir sur la crise de Nidaa Tounès, parce que des institutions internationales le lui ont demandé ainsi qu’un «haut dirigeant d’un grand pays» qu’il n’a pas voulu nommer. Beaucoup en ont déduit qu’il s’agissait du président américain Barack Obama.
Selon nos informations, ce n’en est rien. Il s’agit en fait de la Chancelière allemande, Angela Merkel, qui lui a téléphoné deux jours auparavant. C’était pour lui exprimer sa solidarité à la suite de l’attentat terroriste qui a coûté la vie à 12 gardes présidentiels et lui affirmer la disposition de son pays à venir en aide à la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme.
Elle en a profité pour s’inquiéter de la crise au sein de Nidaa Tounès et l’inviter instamment à intervenir pour y mettre fin.
Outre l’intérêt évident depuis la révolution qu’elle manifeste à la Tunisie dont son pays, l’Allemagne, est devenu un partenaire privilégié au sein de l’Union européenne, Angela Merkel est dans le même cas de figure que Béji Caïd Essebsi. Elle est en effet la présidente du grand parti Union Démocrate Chrétienne (CDU/CSU). Lors des élections de 2013, elle a raté de cinq sièges la majorité absolue au Bundestag, le Parlement allemand, ce qui l’a contrainte à une «grande coalition» avec son adversaire le SPD, le parti Social-démocrate.
Bien qu’ils soient de deux bords différents et diamétralement opposés, les deux grands partis ont formé une coalition qui œuvre dans l’intérêt de l’Allemagne. Les succès de ce pays ne sont plus à démontrer et sa chancelière a été choisie comme «personnalité de l’année» en 2015, un choix amplement mérité.
L’appel de Merkel ne mérite-t-il pas donc d’être entendu?
Raouf Ben Rejeb