Dans son allocution dimanche soir, le président de la République, Beji Caid Essebsi, a soulevé la lutte contre le terrorisme et la paix sociale avant de s’attarder sur la crise au sein de Nidaa Tounès, parti majoritaire au parlement.
Il a lié la victoire de la Tunisie sur le terrorisme à la paix sociale, la solidarité et la cohésion du peuple tunisien, mettant l’accent sur l’importance pour Nidaa Tounes de rétablir sa position « d’avant-garde » dans le paysage politique national.
L’allocution du chef de l’Etat, fondateur de Nidaa Tounès a suscité des réactions auprès des partis politiques qui estiment que Caid Essebsi a dépassé ses prérogatives et violé la Constitution.
Ils ont déploré « une interférence » entre les institutions de l’Etat et celles du parti. Le secrétaire général du Parti des Patriotes démocrates unifié (PPDU), Zied Lakhdar ,a déclaré à la TAP que l’allocution de Caid Essebsi est « un échec » et renvoie à une époque que les Tunisiens croyaient révolue.
Le traitement de la crise au sein de Nidaa Tounès de cette manière est contraire aux fondements de la nouvelle République et compromet l’instauration d’institutions politiques saines, a-t-il dit, rappelant que le PPDU a longtemps appelé à la séparation entre les partis et les institutions de l’Etat.
De son coté, Issam Chebbi, porte-parole d’Al Joumhouri a noté que l’allocution du président de la République, quelques jours après l’attaque terroriste contre un bus de la sécurité présidentielle, aurait pu être l’occasion de fournir un contenu consistant et pratique pour consolider l’unité nationale et rétablir la confiance en les institutions de l’Etat. Pour Issam Chebbi « c’est une grande déception » de réserver une large partie de l’allocution à la crise de Nidaa ».
« Caid Essebsi a raté une occasion de renforcer l’unité nationale, de promouvoir le rendement des institutions de l’Etat et de placer l’intérêt de l’Etat au dessus des partis ». Il a appelé à l’organisation, dans les proches délais, de la conférence nationale sur le terrorisme pour définir la politique qu’il faudrait adopter pour combattre ce fléau.
De son coté, le Congrès pour la République (CPR) a publié une déclaration dans laquelle il estime que traiter d’une affaire interne d’un parti politique dans un discours du chef de l’Etat à l’adresse du peuple, constitue une violation de la Constitution et affaiblit le prestige de l’Etat. D’autant que cette attitude révèle la fragilité de la situation politique dans le pays.
Pour le mouvement Al Chaab, les affaires internes de Nidaa Tounès importent peu les Tunisiens. Le mouvement appelle le parlement à assumer sa « responsabilité historique » envers cette « grave dérive ».
L’universitaire Saloua Hamrouni, spécialiste en droit public, considère que le contenu de l’allocution du président de la République est une violation de la Constitution et se contredit avec son article 76.
Cet article stipule en effet que le président de la République ne peut cumuler ses fonctions avec toute responsabilité partisane. L’universitaire n’a pas toutefois, minimisé l’impact de la crise au sein de Nidaa Tounès sur l’action gouvernementale et parlementaire.