Tunisie : Le SMT boycotte l’ouverture de la nouvelle année judiciaire

La nouvelle année judiciaire 2015-2016 s’est ouverte vendredi au siège du Tribunal de première instance de Tunis.

Organisée pour la deuxième année consécutive par l’Instance provisoire de l’ordre judiciaire, la cérémonie s’est déroulée en présence du président de la République, du chef du gouvernement et du président de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP).

Y ont pris part également, des membres du gouvernement et du parlement ainsi que des représentants d’instances nationales, d’organisations internationales et des missions diplomatiques accréditées en Tunisie, outre une délégation de la Cour de cassation française et une pléiade de magistrats et d’avocats tunisiens.

A cette occasion, Khaled Ayari, premier président de la Cour de cassation et président de l’Instance provisoire de l’ordre judiciaire, a déclaré que l’édification d’un régime républicain, démocratique et participatif est tributaire de l’instauration des institutions constitutionnelles dont le Conseil supérieur de la magistrature et la Cour constitutionnelle, garants de l’indépendance de la justice et de la primauté de la Constitution.

« L’instauration de la démocratie qui doit être basée sur l’équilibre et la complémentarité des pouvoirs exige la séparation des pouvoirs », a-t-il souligné, affirmant que la justice n’est pas en conflit avec l’autorité de l’Etat et ses structures mais interagit avec le reste des pouvoirs.

De son côté, le procureur général près la Cour de cassation Ridha Ben Omar a indiqué que la réforme du système judiciaire n’est viable que grâce à une interaction et une complémentarité entre les divers intervenants judiciaires et les structures officielles.

Des commissions techniques composées de magistrats, d’avocats, de professeurs universitaires et d’auxiliaires de justice ont entamé l’amendement de certains codes et de lois à caractère pénal en vue de promouvoir la législation et de l’adapter aux dispositions de la Constitution et des traités ratifiés par la Tunisie, a indiqué Ben Omar.

Intervenant sur la nouvelle législation de lutte contre le terrorisme et l’interdiction de son financement dans le cadre de la protection des forces de sécurité et du respect des droits de l’Homme, le magistrat Hafedh Laâbidi a indiqué que la Tunisie s’est inspirée des normes internationales dans l’élaboration de la loi organique relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent.

Il est impératif que les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ainsi que les instances constitutionnelles et toutes les composantes de la société civile soient attachés à la primauté de la loi, au respect des libertés et des droits de l’Homme et à l’indépendance de la justice pour que l’Etat puisse faire face au terrorisme, a-t-il dit.

Le syndicat des magistrats tunisiens (SMT) avait décidé de boycotter la cérémonie d’ouverture de l’année judiciaire 2015-2016, justifiant ce boycott par « la détérioration de la situation dans les tribunaux et les institutions judiciaires, les agressions contre les magistrats et la marginalisation qu’ils subissent en termes de conditions de travail difficiles et de situation financière ».