Tunisie : “Le projet de loi sur la réconciliation économique vise à protéger les corrompus”

Le projet de loi sur la réconciliation économique et financière est contraire aux dispositions de la Constitution, bafoue le principe de la justice transitionnelle et transgresse le droit d’ester en justice, a déclaré, vendredi, le juge Ahmed Souab.

Lors d’une conférence de presse organisée, vendredi, à Tunis, par les membres de la campagne “Ménich Msemah” contre le projet de loi sur la réconciliation économique, Ahmed Souab a indiqué que ce projet de loi comporte trois axes distincts :

Il s’agit d’amnistier les hauts fonctionnaires et responsables corrompus de l’Etat, sans procéder à la reddition de comptes, de réaliser la réconciliation avec les hommes d’affaires et de récupérer les fonds détournés à l’étranger. « Prétendre que ce projet de loi permettra à l’Etat de récupérer les fonds détournés par les corrompus relève du mensonge.

Ce projet vise uniquement à protéger les corrompus », a-t-il estimé. Pour l’avocat Charfeddine Kellil, membre de la campagne “Ménich Msemah”, ce projet de réconciliation a contribué à l’escalade des tensions.

Ce projet de loi, a-t-il dit, est contraire à l’article 14 de la loi relative à la justice transitionnelle qui plaide pour la réforme des institutions en oeuvrant à éradiquer la corruption et combattre le despotisme.

Samar Tlili, membre de la campagne, a indiqué que “Ménich Msemah” est un mouvement citoyen et sociétal indépendant ayant pour objectif le retrait de ce projet de loi qui « menace le processus de justice transitionnelle » et vise à « blanchir la corruption ».

Elle a ajouté que les membres de la campagne prendront part à la manifestation prévue, samedi 12 septembre, à l’Avenue Habib Bourguiba pour protester contre le projet de loi de la réconciliation économique et financière.