Quelques centaines de personnes ont manifesté lundi soir à Paris contre le projet de loi sur le renseignement, pour tenter de convaincre les sénateurs qui voteront mardi de rejeter ce texte “liberticide”, selon des journalistes de l’AFP sur place.
“Ce projet entérine les pratiques illégales des services secrets et met en place des méthodes de surveillance lourdement intrusives”, sans contrôle suffisant, dénonce l’Observatoire des libertés et du numérique, fer de lance de la mobilisation.
Rassemblant une cohorte d’associations (Ligue des droits de l’Homme, Amnesty international, etc.) et de syndicats (de magistrats, d’avocats, de journalistes, de personnel pénitentiaire…) hostiles au texte, l’Observatoire compare les nouveaux moyens de surveillance qui seraient légalisés “à ceux de la NSA dénoncés par Edward Snowden, sans garantie pour les libertés individuelles et le respect de la vie privée.”
Pour Laurent Borg, président du Syndicat des avocats de France, le texte est “extrêmement attentatoire au respect de la vie privée”. Dans les “relations avec votre médecin, dans les relations des journalistes avec leurs sources, les relations que vous pourriez avoir avec un avocat (…) Demain vous pourriez être écoutés”, a-t-il alerté.
Présents au rassemblement, militants politiques et associatifs ont exprimé leurs craintes d’être espionnés en raison de leurs engagements.
Pour Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, ce texte “vise à criminaliser toujours plus ceux qui s’opposent” au système.
“Non au flicage, non à la répression!”, a exhorté de son côté Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de l’association Droit au logement, s’insurgeant contre ces “citadelles qu’ils nous mettent en place pour nous empêcher de penser et de parler librement”.
Des journalistes se sont également inquiétés du respect de la protection de leurs sources. “Dès que l’on fera une enquête délicate (…) on aura des difficultés à protéger nos sources”, redoute Jacqueline Papet de la CFDT journalistes.
La semaine dernière, les opposants avaient contacté les sénateurs pour connaître leurs positions et tenter de convaincre les indécis.
Les opposants au texte, dont certains tenaient des pancartes proclamant “Sénateurs protégez nos libertés” ou “Pas de surveillance sans contrôle”, avaient déjà manifesté le 4 mai. Le lendemain, une large majorité des députés PS, UMP et UDI avait adopté le texte.
Jeudi, les sénateurs ont adopté les trois premiers articles du projet de loi renseignement, avant le vote de mardi.
Philippe Aigrin, co-fondateur de la Quadrature du net, a promis que la mobilisation se poursuivra: “Nous allons continuer à nous battre jusqu’au terme du processus législatif”, puis à travers les recours au Conseil constitutionnel. “Nous ne pouvons pas vivre avec cette loi. Il faudra que la société des citoyens se charge de surveiller les surveillants”.
[08/06/2015 19:31:33] Paris (AFP)