“Journal d’une Défaite” : chroniques pour comprendre la carte canonique des mutations

Dans “Journal d’une Défaite: chroniques de Tunisie 2011-2013”, Shiran Ben Abderrazak ressuscite la Révolution Tunisienne.

Ce recueil de Chroniques, écrites entre 2011 et 2013, retrace les moments clefs de cette révolution. Des espoirs qu’elle a fait naître au désespoir que ses conclusions ont suscité, elles racontent les espoirs et les luttes d’un peuple, seul face à ses tyrans.

Chacune des six parties s’ouvre avec un extrait du Yi-King (un manuel chinois “Classique des changements” ou “Traité canonique des mutations”, considéré comme un traité unique en son genre dont la finalité est de décrire les états du monde et leurs évolutions et le premier des plus anciens textes classiques chinois).

Ce livre de 180 pages pour “comprendre l’échec révolutionnaire tunisien” se place comme “un deuil des espérances révolutionnaires du premier temps et permet à son lecteur d’accomplir le travail nécessaire de Catharsis qui donne la force d’avancer, au-delà des déceptions”.

Pourquoi décider de publier ces textes trois années après les avoir écrits ? Pourquoi avoir écrit ces textes ? Selon l’auteur, cet ouvrage est un texte assez particulier: c’est une éducation sentimentale rédigée à la première personne du pluriel, le journal d’une descente aux enfers de l’un et du multiple, le parcours d’une belle âme emplie d’idéaux et de belles théories qui se trouve très soudainement confrontée à la laideur du monde et de la realpolitik.

Ne serait-ce qu’à cette lumière, “il pourrait être regardé comme un roman, celui d’une révolution dont les derniers soubresauts sont aussi pathétiques que fûrent beaux, tragiques et surprenants ses premiers instants” estime l’auteur.

Il s’agit également du recueil des chroniques qu’il avait écrites entre janvier 2011 et le courant de l’année 2013. Certaines ont été des réactions à des événements auxquels il a assisté, d’autres sont simplement des cris du coeur et de l’âme d’un témoin de l’injustice, d’autres, enfin, sont des analyses et des réflexions sur l’évolution de la situation d’une révolution morte avant que d’être née.

En fait ces chroniques ont une histoire: Elles étaient publiées au départ sur sa page Facebook, puis sur un blog, puis, ici et là, sur de nombreux sites d’informations en ligne. Plusieurs milliers de personnes ont lu ces chroniques qui ont nourri de nombreux débats.

Pourquoi écrire cela ? Pour expliquer un certain style, peut-être, pour rappeler “que l’on n’écrit pas pour une personne comme l’on écrit pour des milliers”.

Il s’agit selon lui d’affirmer que presque tout ce qui se passe en Tunisie actuellement peut s’expliquer à partir des trois mois qui ont suivi le 14 janvier 2011. Et ce journal retrace ces premiers moments tels qu’ils ont été transmis, vécus et compris à l’époque.

A travers ce journal, l’auteur revient sur ce qui s’est passé et sur ce qui a causé l’échec de ce mouvement populaire qui a, il y a quatre ans, donné un espoir incroyable au monde. Et pour “pouvoir comprendre les raisons de nos échecs, il faut dépasser l’émotion, l’espoir et le désespoir” a-t-il écrit. C’est pourquoi ce “Journal d’une défaite” fera partie, il l’espère, “des braises qui permettront au grand incendie de se propager à nouveau, quand le temps y sera propice”.

Shiran Ben Abderrazak est titulaire d’un Master d’?tudes Politiques de l’EHESS. Il a été journaliste, à Paris, au Nouvel ?conomiste et a travaillé sur l’édition du livre El Kasbah-Fragments de Révolution en 2014. Il exerce actuellement une activité de conseil en communication.

Depuis janvier 2011, les Chroniques qu’il publie dans de nombreux médias en ligne ont trouvé un public. L’une des spécificités de Journal d’une Défaite est d’ailleurs que son impression en Tunisie a été financée par une campagne de Crowfunding (financement participatif) grâce à la communauté qui s’est constituée autour de son auteur et de ses textes. Ceci constitue en fait le premier livre publié en Tunisie de cette manière.

La première signature du livre aura lieu au siège de l’Association Pontes, à Dar Ben Abderrazak, Bab Souika, le dimanche 31 mai 2015 à 16h00. Le livre sera disponible en librairie dès le 1er Juin 2015.