En visite d’Etat en Tunisie, le président de la République Fédérale d’Allemagne, Joachim Gauck, a rencontré mercredi les membres de l’Instance Vérité et Dignité (IVD).
Internationalement reconnu comme un spécialiste du travail sur la mémoire, le président allemand Joachim Gauck avait été élu en 1990 à la tête d’une Commission spéciale chargée de superviser la dissolution du ministère de la Sécurité d’Etat, la police politique allemande (l’ancienne «Stasi»).
Il a déclaré qu’il est, à ce titre, “particulièrement intéressé par le déroulement de la mission de l’IVD, et plus généralement de l’expérience tunisienne en matière de justice transitionnelle”. L’Allemagne est “soucieuse d’y apporter un soutien sur tous les plans”, a-t-il assuré, selon le communiqué de l’IVD.
Le président allemand a insisté qu'”il n’y a pas de transition vers la démocratie en l’absence de travail sur la mémoire”, ajoutant qu'”il n’y a pas de modèle préconçu en la matière”.
“Chaque pays a sa spécificité et sa propre voie pour arriver à confronter son passé et régler un passé plus ou moins lourd en termes de despotisme, même si les principes fondamentaux restent les mêmes pour l’ensemble des pays concernés”, a-t-il souligné.
“Au cours de ce travail sur la mémoire, les archives jouent un rôle fondamental”, selon M. Gauck, qui a affirmé que “ce sont les archives qui permettent d’accéder à des informations qui ont régi l’oppression”.
Il a recommandé d’organiser un débat national sur la question de l’accès aux archives dans un Etat de droit. “En matière d’accès aux archives, on ne saurait appliquer le droit commun aux archives de la dictature qui ont un statut particulier”, a-t-il expliqué.
La présidente de l’IVD, Sihem Ben Sedrine a souligné les difficultés rencontrées dans ce travail de mémoire. Il s’agit de “convaincre ceux qui sont réticents à confronter notre passé”, a-t-elle regretté.
Le travail sur la mémoire est “une étape incontournable nécessaire à toute démocratie apaisée qui aspire à la cohésion sociale”, a-t-elle encore dit, estimant que la gestion purement sécuritaire est insuffisante pour prévenir les violences.