Jazz à Carthage : Boulares Band berce le public dans une ambiance new-yorkaise

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Des sonorités instrumentales jazz de Yacine Boulares au style folk de la chanteuse franco-camerounaise Irma, le public de Jazz à Carthage 2015 a pu savourer, vendredi soir, le premier concert de ce festival au Palais des Congrès en plein cœur de Tunis après 10 ans en banlieue nord.

Dans la salle archipleine du palais des Congrès, Yacine Boulares au saxophone débute la soirée avec ses deux compagnons Cedrick Bec à la Batterie et Simon Tailleu à la Contrebasse, et finissent par bercer le public dans une ambiance new-yorkaise.

Le concert a réuni un répertoire que Boulares dit avoir écrit pour ce trio à Jazz à Carthage. Le premier morceau joué est puisé dans le célèbre héritage traditionnel arabo-andalou «Lamma Bada Yatadanna.»

Il s’agit d’une chanson que l’artiste avait découverte grâce à Placido Domingo avec qui il dit avoir eu la chance de jouer. «J’en ai fait l’arrangement pour son disque et du coup je me le suis approprié», dit-il dans une déclaration à TAP, à l’issue du spectacle.

Boulares avait encore joué avec d’autres artistes de renommée internationale comme Benny King, dans des styles différents entre jazz, musique du monde et musique classique et c’est ce qui le fait voyager. Un deuxième morceau blues d’influence New Orléans a été encore interprété pour nous transposer dans une ambiance jazz purement new-yorkaise. «C’est un morceau très jazz», comme le décrit Boulares.

Ensuite, place à un morceau aux rythmes tunisiens. Interrogé sur son opinion de la scène musicale jazz en Tunisie, Boulares dit qu’elle a besoin de se développer, tout en essayant de comprendre son patrimoine tunisien pour pouvoir le sublimer.

Un artiste peut jouer le jazz comme le jouent les américains, estime ce jazzman installé à New York mais “il faut une bonne compréhension du jazz et faire en sorte qu’il exprime notre culture, notre héritage, nos émotions pour que ça soit pas une musique stérile”.

Une composition de Cedric avait, par la suite, sublimé le public et que Boulares voit comme «une composition très jazz contemporain».

Le passage de Boulares Band se termine avec «Sidi Merayah », un morceau que l’artiste a voulu comme un hommage aux oliviers de Zaghouan et où il dit avoir fini de l’écrire. «C’est une nouvelle composition que j’ai fini de composer hier, à Zaghouan, spécialement pour jazz à Carthage».

Hier soir, la philosophie esthétique jazz chez ce jeune artiste, initialement voué à une carrière de philosophe, était «le fil rouge qui relie la Tunisie, l’Afrique de l’Ouest et le jazz des rythmes en commun».

Il y a des rythmes qu’on trouve dans le Stambeli mais aussi dans le jazz. «C’est simplement mon esthétique, une esthétique qui réconcilie l’humeur de l’Afrique de l’Ouest et le jazz”, dans un esprit philosophique propre à lui. Les morceaux de Boulares Band étaient un pur moment de plaisir qui font voyager l’auditeur vers d’autres univers.

D’ailleurs, comme il l’a lui même avoué, «je suis de ceux qui pensent que le musicien n’est qu’un vecteur et que la musique existait bien avant». Le musicien, d’après Boulares, doit être assez virtuose et humble pour laisser passer cette musique et c’est ce que cet artiste cosmopolite a pu parfaitement transmettre dans ce concert.

En deuxième partie de la soirée changement de registre. La jeune franco-camerounaise Irma qui a interprété ses chansons les plus connues avec deux reprises de chanteurs célèbres dont l’anglaise Adèle.

«J’aime beaucoup faire des reprises car c’est comme ça que j’ai pu faire ma musique quand j’ai commencé à diffuser mes vidéos sur internet».

Cette jeune auteure-compositrice interprète, installée en France et dont la carrière avait débuté en diffusant des vidéos sur Youtube, est passée du piano classique, auquel elle est habituée depuis ses 7 ans, à la guitare, un instrument que l’artiste estime avoir un côté très libre qui lui permet de composer.

Du Cameroun à Paris, Irma situe sa musique comme un mélange des deux, ce qui n’est pas tout à fait évident dit- elle, car les sonorités sont un peu plus occidentalisées. Mais enfin, la musique de Irma a «pu garder son âme africaine, dans les choeurs et dans les harmonies».

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