L’Observatoire Tunisien de l’indépendance de la magistrature (OTIM) a condamné, samedi, l’empêchement fait à l’Instance Vérité et Dignité (IVD) de prendre livraison, la veille, des archives de la Présidence de la République, et “la manière dont ont été traité les membres de l’instance, en violation des dispositions de la Constitution et de la loi sur la justice transitionnelle”, y voyant “une atteinte caractérisée aux institutions de l’Etat”.
L’Observatoire a mis en garde, dans un communiqué dont l’agence TAP a reçu une copie, “l’impact de telles pratiques sur le processus de la justice transitionnelle, sur la confiance du public en l’Instance Vérité et Dignité et sur les compétences qui lui sont conférées, à la première mise à l’épreuve de sa relation avec les pouvoirs publics”.
Le communiqué a, en outre, critiqué “la politisation” ayant accompagné “les faits graves” survenus à l’entrée du Palais de Carthage, de même que “l’absence de tout rôle des institutions” et “l’irresponsabilité” des auteurs de ces agissements, “au mépris de l’autorité de l’Etat et de la primauté du droit”.
L’Observatoire a considéré que “les dépassements commis par les syndicats sécuritaires, seraient de nature à porter atteinte au bon fonctionnement des institutions de l’Etat, compromettre la stabilité politique et nuire à l’action sécuritaire et syndicale”.
Il a appelé, par ailleurs, les autorités judiciaires à “assumer leurs responsabilités dans l’application de la loi et empêcher toute action volontaire susceptible de gêner le travail de l’instance”, soulignant “la nécessité d’appliquer l’accord conclu entre l’Instance Vérité et Dignité et l’institution de la Présidence” concernant le transfert des archives et de “diligenter une enquête administrative pour délimiter les responsabilités et prendre les mesures légales nécessaires”.
La présidente de l’instance Sihem Ben Sedrine, rappelle- t-on, s’était présentée, vendredi, au Palais de Carthage accompagnée de six gros camions, demandant à emporter les archives de la Présidence de la République, mais la sécurité présidentielle l’en a empêchée.
Un membre de l’instance, Khaled Krichi, a réagi en annonçant l’intention de l’IVD de poursuivre en justice les auteurs de “l’obstruction à l’application de l’article 66 de la loi sur la justice transitionnelle” et de “la violation des lois de l’Etat”.
Interrogé par l’agence TAP, le secrétaire général du syndicat de la sécurité présidentielle, Hichem Gharbi, s’était retranché derrière “les ordres reçus du directeur général de la sécurité présidentielle”.