Le théâtre municipal de Sfax a abrité, mardi, une rencontre médiatique pour présenter “le manifeste pour le changement en Tunisie : 10 étapes pour les droits de l’Homme” qui consiste à recueillir les engagements des candidats aux prochaines élections législatives à Sfax concernant les droits de l’Homme.
Cette manifestation est organisée à l’initiative d’Amnesty international (AI) avec le soutien de 21 organisations de défense des droits de l’Homme tunisiennes et étrangères. Cette rencontre est la deuxième d’une série de trois rencontres dont la première avait été organisée à Tunis, alors que la troisième aura lieu dans la région de Gafsa, à la fin de cette semaine.
Elle doit permettre de réunir les têtes de listes en compétition pour les sièges à la prochaine Assemblée des représentants du peuple (ARP), afin de connaître le degré de leur engagement pour la défense de 10 axes du processus des droits de l’Homme, en tant qu’échantillons des candidats qui se présentent pour cette assemblée.
Ces causes sont l’élimination de la ségrégation et la violence contre la femme, la lutte contre la torture, la possibilité du questionnement des forces de sécurité, la fin de l’impunité, la garantie de l’indépendance de la justice, la protection du droit à la liberté d’expression et d’opinion, la préservation du droit à la liberté de constituer des associations, la garantie de la protection aux réfugiés et aux demandeurs d’asile, l’application des droits économiques, sociaux et culturels, et l’abolition de la peine de mort.
A ce propos, Sabeur Amri, membre du bureau exécutif d’AI-section de Tunis a souligné, à l’ouverture de cette manifestation que l’inclusion des droits de l’Homme dans la Constitution, malgré son importance, demeure insuffisante, ainsi que la nécessité pour le prochain pouvoir législatif de s’engager à mettre en application ces textes, grâce aux différentes instances créées à cet effet. Il a indiqué que les résultats de cet engagement seront publiés dans le manifeste, avant les prochaines élections du 26 octobre 2014, contrairement à ce qui s’était passé lors des élections du 23 octobre 2011, avec la publication des résultats après le scrutin.
Dans ce sens, Amri a rejeté l’idée que la décision de publier ces résultats avant les élections constitue une sorte de pression sur les électeurs, ajoutant que la non- adhésion des têtes de listes dans ce processus ne veut pas dire qu’ils rejettent le processus des droits de l’Homme. De son côté, Sajia Yaïch, de la section de Sfax de l’Association des femmes démocrates qui est partenaire d’AI dans ce manifeste, a appelé à mettre en application l’article 21 de la constitution qui consacre l’égalité entre les citoyens, incitant à la lutte contre toutes les formes de discrimination entre la femme et l’homme, dans tous les domaines.
Pour sa part, le tête de liste du Mouvement des démocrates socialistes (MDS) a émis des réserves contre certains points du manifeste, surtout celui de la protection de la liberté d’expression totale qui risque d’ouvrir une brèche pour le blanchiment du terrorisme. Ses réserves ont, aussi, porté sur l’abolition de la peine de mort qui ne fait pas l’unanimité des régimes les plus démocratiques, et il a été soutenu dans cette orientation par Bilel Ghmida, tête de la liste de l’Edification nationale. Le tête de la liste du Courant démocratique, de son côté, n’a émis aucune réserve sur les 10 points.
Toutefois il a appelé à la nécessité que ces engagements soient adaptées aux spécificités de la société tunisienne, à sa réalité et son référentiel. Dans le même sens, Souad Biouli, tête de la liste du Front populaire à Sfax 2 a appelé à ajouter un autre point concernant la consécration de la séparation entre les pouvoirs, afin de faire face à toute hégémonie de l’un d’eux. Neuf têtes de listes de partis, deux appartenant à des alliances et deux indépendantes ont assisté à cette manifestation.