Les besoins non satisfaits en matière de contraception ont atteint 7% en 2012

“Les besoins non satisfaits en matière de contraception ont atteint 7% en 2012”, a indiqué, vendredi, Nabil Ben Salah, directeur général de la santé au ministère de la santé.

S’exprimant lors d’une journée scientifique sur le thème “la contraception est un choix qui protège votre santé et votre avenir”, organisée à l’initiative de l’office national de la famille et de la population (ONFP) à l’occasion de la journée mondiale de la contraception, Ben Salah a souligné que la liberté de choisir le nombre d’enfants et d’espacer les naissances figure parmi les droits fondamentaux de l’homme garantis par les conventions internationales.

Pour sa part, Dr. Leila Joudane, représentante assistante du bureau du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a indiqué qu’il existe des disparités considérables entre les régions et les groupes d’âge au niveau des besoins non satisfaits en matière de contraception en Tunisie. Ce taux est d’environ 12% dans les régions du centre- ouest et centre-est.

Les besoins non satisfaits sont plus élevés chez les jeunes femmes âgées de 20 à 24 ans (16%) et 25 à 29 ans (12%). Joudane a signalé qu’au moins 222 millions de femmes dans les pays en développement ont un besoin non satisfait de planification familiale.

Chaque année, il y a 80 millions de grossesses non désirées et 40 millions d’avortement à travers le monde, a-t-elle ajouté. Intervenant à cette occasion, Dr. Ridha Gataa, président directeur général de l’ONFP, a rappelé que selon les chiffres de 2012, 62.5% des femmes mariées en âge de procréer utilisent une méthode contraceptive dont 50% utilisent les moyens contraceptifs modernes et 12,5% ont recours aux méthodes naturelles comme le calendrier.

Il a précisé que le taux de prévalence contraceptive atteint 64% en milieu urbain et 60% en milieu rural ce qui a eu un impact positif sur la réduction du taux de mortalité maternelle estimé à 44.8% pour chaque 100 mille naissances vivantes en 2009.

Gataa a indiqué que malgré les évolutions enregistrées, il ne sera pas possible d’atteindre un taux de 25% pour chaque 100 mille naissances vivantes en 2015.

Le PDG de l’ONFP a fait remarquer que sans l’usage des moyens contraceptifs et la réduction de l’indice de fécondité de 7 en 1966 à 2.2 en 2011, la Tunisie compterait aujourd’hui environ 16 millions de personnes.

Dr. Hédia Belhadj, présidente de l’association pour la coopération, l’échange des connaissances et l’expertise pour l’accès universel à la santé, a indiqué que l’accès aux moyens contraceptifs demeure limité pour certaines catégories sociales comme les jeunes adolescents, les migrants, les déplacés, les personnes vivant avec le VIH et les handicapés.

Belhadj a mis l’accent sur l’importance de rapprocher les structures de planning familial des femmes dans toutes les régions du pays, outre le renforcement de la sensibilisation et la formation des prestataires de services qui doivent, selon Belhaj, être accueillants et bien informés pour aider les femmes à faire le choix du moyen contraceptif qui leur convient. De son côté, Dr. Salma Hajri, présidente de l’association “groupe Tawhida Ben Cheikh pour la recherche et action en santé des femmes” a indiqué qu’il existe aujourd’hui une panoplie de méthodes contraceptives dont les effets indésirables sont minimes (stérilet, pillule, implant, …).

Par ailleurs, Dr. Hajri a indiqué que l’avortement qui est parfois dû à un échec de contraception ou à l’absence de possibilité de contraception demeure sans risque s’il est pratiqué dans de bonnes conditions légales.

“La contraception et l’avortement sont deux méthodes qui se complètent pour éviter des grossesses non désirées”, a-t-elle dit. Toutefois, elle a fait remarquer qu’au cours de ces dernières années, plusieurs structures publiques de santé ne pratiquent plus l’avortement et d’autres refusent de l’exercer implicitement.

“Plusieurs femmes enceintes dont la situation matérielle ou familiale ne leur permet pas d’avoir d’enfants n’ont pas pu se faire avorter au cours des trois premiers mois de grossesse bien que la loi garantit ce droit”, a-t-elle signalé. Célébrée pour la première fois en Tunisie, la journée scientifique sur la contraception a enregistré la participation d’un grand nombre de spécialistes en santé reproductive et planning familial qui ont tous souligné l’importance de garantir l’accès universel et volontaire aux moyens contraceptifs essentiellement pour les jeunes pour prévenir la prolifération du phénomène des mères célibataires et la croissance des maladies sexuellement transmissibles.