“Quand je fais le montage, c’est à partir de ce moment là que je commence la réalisation du documentaire”, estime le cinéaste marocain Hakim Belabbès, évoquant sa vision de l’écriture documentaire.
Hakim Belabbès, cinéaste et anthropologue marocain et Kamel Ben Ouanès critique de cinéma, étaient présents, samedi, au débat sur “La part de la fiction dans le Documentaire”, à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun. Le débat est organisé en marge des Journées du Cinéma Européen (JCE) 2014 à Tunis.
Entre fiction et documentaire, le fil est infime
Parlant du néoréalisme dans le cinéma, Hakim Belabbès estime qu’il s’agit d’une synthèse et de la limite entre la fiction et le documentaire”. “Dans le cinéma c’est le temps qui questionne, explore et nous ramène vers quelque chose de plus. Le cinéma n’est pas tenu de répondre à une question car il n’en a pas la réponse”, souligne le cinéaste et l’anthropologue.
Pour Ben Ouanès, “un cinéaste est quelqu’un qui cherche à privilégier sa façon de voir le monde. Il nous interpelle et nous dérange”.
Pour ce critique d’art la fiction ne consiste pas à rapporter quelque chose qui émane de notre vision du monde. “On parle de fiction quand on structure le monde de façon narrative”, estime-t-il.
Citant l’exemple du film tunisien “Barraket Essahel” de Ghassen Amamou, il s’interroge sur la possibilité pour le documentaire d’épouser la forme d’une fiction.
Belabbes continue dans la même perspective et explique que “le documentaire est une fiction car dès le moment où on prend la caméra pour filmer, je ne suis pas le même, je deviens acteur, je joue”.
Le privilège du documentaire
“Vaine Tentative de Définir l’Amour”, l’un des deux films projetés vendredi soir à la salle Alhambra-Zaphir-La Marsa, sème la confusion chez le spectateur qui plonge dans les lointains paysages des montagnes marocaines. On se sent perdu dans la psychologie de chaque personnage et on ne sait plus s’il s’agit d’une fiction ou d’un documentaire.
“Quand vous écrivez, commencez par ce qu’on prétend connaître”, dit-il, estimant que le cinéaste se doit d’écrire sans être prisonnier des formes qui relèvent des réglementations.
Dans le documentaire il y a toujours un côté éthique qui nous empêche par pudeur de traiter certains aspects, a-t-il encore dit, citant l’exemple des séquences du fou ou la naissance de l’agneau qui figuraient dans son film projeté vendredi soir. “c’est là où on arrête d’être cinéaste, on devient témoin”.
“Chacun de nous doit documenter son histoire” a-t-il dit en reprenant les syllabes his/story (history). “Dans le monde arabe, on a besoin aussi de filmer notre propre histoire”, a-t-il dit.