festivals-Carthage – “Nagouz 2014” de Mounir Troudi : du jazz et une voix de ténor

Avec sa musique, un manifeste penchant pour la musique Jazz métissée dotée d’un riche patrimoine musical local, Mounir Troudi expérimente et improvise d’une voix de ténor, dans un concert donné, dimanche soir, à Carthage, son “Nagouz 2014” rythmé par le son de la trompette de son ami français Erik Truffaz.

“Mon spectacle porte le nom de Nagouz (Sonnerie) qui est également le nom de mon groupe”, explique Mounir Troudi dans une brève déclaration à TAP, peu avant sa montée sur scène. “C’est Nagouz, la version 2014, avec de nouveaux arrangements”, ajoute l’artiste qui ne cache pas son enthousiasme. Affichant ses attentes concernant le spectacle, il déclare “je suis très optimiste”.

“Nagouz 2014”: du chant, des racines et une cause

Un orchestre de 42 musiciens tunisiens et étrangers, avec à leur tête Mounir Troudi au chant, Bendir et Harmonica, Erik Truffazz à la trompette et le rappeur anglophone Marouen. Avec sa voix forte, il chante “Sidi ya massaoud”, une mélodie triste portant toute la douleur qui l’habite ponctuée des notes douces du piano. Il dédie la chanson à l’âme de sa soeur, disparue il y a dix jours, et chante la douleur de l’absence au son triste de son instrument, l’harmonica. De ses vieilles chansons, il interprète “Hamma”, “El assess” et bien d’autres avec une sélection des albums de Truffaz comme “Magrouni” et “Salwa”. Les influences, jazz, soufies et bédouines sont assez présentes et se font ressentir à chaque morceau.

Rebelle en musique comme dans ses opinions, Troudi est connu pour ses idées et ses opinions en ayant l’audace de crier fort ce qu’il a sur le coeur à travers le chant, les notes et les mots. Il interprète une chanson, dédiée au “peuple de Ghaza”, dit-il. L’ouverture musicale de Troudi est aussi accompagnée d’une ouverture d’esprit sur les évènements que vit le Monde arabe mais également la situation sociale et politique prévalant en Tunisie post-révolutionnaire. Des chants et des rythmes jazzy ont donné naissance à un spectacle exceptionnel, fruit d’une collaboration de près de 15 ans entre Mounir Troudi et Erik Truffaz.

Le chant bédouin revisité par la trompette de Truffaz

Avec des arrangements de Sami Ben Said, l’ensemble composé de trompette, piano, batterie et percussions, opte également pour la gasba, la zokra, et les percussions tunisiennes. Sous le son de la trompette, joué par Truffaz, son compagnon de musique, Troudi, à la voix forte et touchante, sait s’aventurer sur les univers jazz. Le son de la trompette donne à la chanson bédouine toute sa splendeur et à des instruments, comme la zokra et la gasba, une nouvelle dimension qui le place au même registre que d’autres instruments utilisés dans les plus prestigieux ensembles du monde.

La mise en scène de “Nagouz 2014” se fait dans un mélange de rythmes. Jazz, funk, blues et rock se font sentir dans ce projet qui marque le grand point de départ d’un artiste ayant derrière lui une carrière musicale des plus riches. La sonorité feutrée de la trompette de Truffaz et le rap anglophone du chanteur Marwen, invité du spectacle, ont fait de “Nagouz 2014” la révélation artistique entre deux hommes unis par la musique et pour la musique dans une complicité exemplaire entre deux cultures. In fine, Mounir Troudi est en passe de devenir un véritable ambassadeur du riche patrimoine musical tunisien.