Les procédures administratives et la corruption constituent les deux principaux obstacles au développement des chaînes logistiques des transports dans le monde arabe où 30% des coûts sont absorbés par la corruption, a affirmé, jeudi, à Leipzig (Allemagne), M. Umberto De Pretto, secrétaire général de l’Organisation internationale du transport routier (URI).
Il a ajouté, lors d’un débat sur la construction des chaînes logistiques d’avenir, tenu dans le cadre du Forum international du transport qui se tient à Leipzig du 21 au 23 mai 2014, que ces pays ont besoin d’un engagement politique au plus haut niveau de l’Etat, pour mettre fin à cette pratique. De Pretto a précisé, à l’Agence TAP, que les pays arabes doivent uvrer à renforcer le commerce interrégional dont le niveau ne dépasse pas 6% de l’ensemble de leur commerce extérieur (pour les 22 pays de la Ligue arabe), contre 80% pour les échanges avec des pays tiers.
Ce faible niveau est dû à l’absence de systèmes de transit fiable entre ces pays et non pas à l’absence d’infrastructures, a-t-il tenu à préciser, notant que le renforcement du commerce interrégional est à même de favoriser le développement et partant la création d’emplois.
Les Emirats arabes unis (EAU) ont été cités comme le seul pays dans la région arabe à avoir pu développer et réguler sa chaine logistique. A l’échelle mondiale, 55% du temps du transport est dépensé dans les frontières avec tout ce qui en découle comme perte d’énergie (dépenses de carburants) et d’émission de dioxyde de carbone (CO2), a encore indiqué M. De Pretto.
En Afrique, a-t-il dit, 75% du temps des camions transportant les marchandises est gaspillé dans l’attente, entre temps une bonne partie de la marchandise se dégrade avant son arrivée à destination.
Il a mis l’accent sur l’importance de sécuriser le commerce, d’avoir un système de gestion des chaînes logistiques complètement sécurisé.
A cet égard, Marcus Russeman, responsable de chaine logistique, auprès de l’opérateur allemand SAP AG, a fait savoir que les investissements en matière de chaînes logistiques sont orientés actuellement vers le développement de la numérisation et les systèmes d’information, de manière à permettre au transporteur de suivre l’itinéraire de ses marchandises, tout au long de leur trajet vers le consommateur final, celui-ci constitue le maillon le plus puissant et le plus exigeant de la chaîne, a-t-il dit.
A cet égard, 80% des transporteurs n’ont pas d’informations sur leur marchandises en route ce qui ne leur permet pas d’intervenir en cas de problèmes. La numérisation permet, en outre, de réduire le contact direct entre les opérateurs, ce qui est de nature à réduire la corruption. S’agissant de l’évolution future des chaînes logistiques, Le responsable de la chaîne logistique de Nestlé Chris Tyas, a mis l’accent sur la nécessite de lutter contre le gaspillage aussi bien au niveau des moyens de transport (éviter le retour des camions vides), qu’au niveau des marchandises transportées, notamment quand il s’agit de produits alimentaires dont une bonne partie devient périmée avant l’arrivée.
Il a recommandé de s’inspirer des bonnes pratiques en vigueur dans certains pays, tel que le Japon où les wagons de métro sont utilisés le matin, pour le transport des voyageurs et pendant la nuit, les sièges sont enlevés pour céder la place aux marchandises à livrer. L’accent a été mis, également, pendant ce débat sur l’importance de la qualification de la main d’uvre y compris dans les pays développés, tels que l’Allemagne où le départ à la retraite et le vieillissement de la population créent un besoin de plus en plus grand de main d’uvre jeune et qualifiée, selon la secrétaire d’Etat fédérale au transport et à l’infrastructure digitale, Dorothee Bar.
L’Allemagne qui considère le fret et la logistique comme étant des leviers de développement économique compte investir dans les années à venir quelque 5 milliards d’euro dans le développement de l’infrastructure du transport et des chaînes logistiques. Les prioriétés du secteur consistent en le renforcement de la standardisation des pratiques et la normalisation. Il s’agit également de développer la numérisation.