Tunisie : 14% des maladies professionnelles touchent les poumons

Le ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Younbaï a annoncé mercredi que les maladies qui touchent les poumons représentent 14% du total des maladies professionnelles déclarées par la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) en Tunisie en 2010-2011 et 2012 soit pas moins de 396 cas sur un total de 2845 maladies professionnelles.

Lors des travaux des 11èmes assises internationales en santé et sécurité au travail organisées à Tunis à l’initiative de l’Institut de santé et sécurité au travail (ISST) pendant deux jours sur « Le poumon et l’environnement du travail », le ministre a ajouté que les maladies professionnelles qui touchent le système respiratoire détiennent la troisième place après les maladies musculaires et la surdité professionnelle.

Younbaï a estimé que la prévention des risques professionnels est l’une des priorités du ministère des Affaires sociales étant donné leurs répercussions négatives aux plans social et économique, faisant remarquer que le ministère œoeuvre à mettre en place les programmes nationaux et sectoriels dans le domaine de prévention des risques professionnels telle que la stratégie nationale de prévention des risques professionnels dans le secteur du bâtiment et des travaux publics qui sera généralisée sur les secteurs prioritaires.

Il a, en outre, ajouté que le troisième thème du contrat social qui porte sur les relations professionnelles et le travail décent sera le cadre approprié à la mise en place de programmes permettant de maîtriser les risques professionnels et de réduire le nombre d’accidents de travail. Dans ce contexte, Younbaï a indiqué que le contrat social stipule la modernisation de la législation et l’amélioration des services de la médecine de travail dans les secteurs public et privé.

Il a, par ailleurs, souligné la nécessité de revoir le système actuel de gestion des risques professionnels pour pouvoir identifier les lacunes et proposer des mesures pouvant promouvoir ce secteur conformément aux normes internationales, faisant part de la volonté de changer le caractère administratif de l’ISST pour le développer et rapprocher ses services des entreprises économiques et ce, à travers la création d’unités régionales de façon progressive. Le ministre des Affaires sociales a indiqué qu’un projet de décret-loi a été élaboré sur la gestion et la prévention des risques chimiques professionnels outre le projet d’une décision relative aux polluants chimiques et aux liquides biologiques.

De son côté, le représentant de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Mohamed Adnan Hanchi a annoncé dans son allocution le lancement d’un dialogue national sur la réhabilitation du système de santé et sécurité au travail qui connaît selon lui une inégalité entre les régions outre la non-conformité des textes de lois avec la réalité. Il a estimé que la promotion de ce système exige la révision des textes législatifs prévus dans le code du travail en vue de renforcer la prévention des risques professionnels et généraliser la couverture préventive.

Il a, à cette occasion, appelé les entreprises à créer leurs programmes internes de prévention et à revoir les mesures juridiques pour imposer plus de sanctions aux contrevenants qui négligent les bases de la santé et la sécurité au travail. Pour sa part, le directeur général de l’ISST, Habib Nouaigui a indiqué que l’environnement professionnel peut exposer les travailleurs à des maladies diverses au niveau du système respiratoire et ce, en raison de la poussière, des gaz et des fumées dégagées par les produits chimiques.

Il a ajouté que l’examen de ce sujet par les spécialistes permettra de mettre en place un plan d’action pour promouvoir la prévention de ces maladies et ce, aux niveaux technique, médical et législatif. Une table ronde sera organisée sur le thème « Organisation des premiers secours dans l’entreprise » en vue d’aider les entreprises à mettre en place une stratégie de lutte contre les répercussions des accidents à travers la garantie d’une intervention rapide pour secourir le blessé, a-t-il annoncé. « Une décision relative à l’organisation des secours au sein des entreprises sera aussi mise en vigueur outre le lancement d’un programme de formation des secouristes », a-t-il ajouté.

Il a fait remarquer qu’une autre table ronde sera organisée sur la conception des locaux et postes de travail pour examiner les moyens d’intégrer les facteurs santé et sécurité au travail dans l’aménagement des espaces de travail conformément aux normes nationales et internationales en vigueur. Participent à ces assises, organisées en collaboration avec le bureau international du travail, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Institut national de recherche et sécurité en France, environ 350 spécialistes dans les domaines de la santé et sécurité au travail représentant des entreprises industrielles et des structures nationales de prévention ainsi que des experts de France, d’Algérie, du Maroc, de Mauritanie et du Burkina Faso.