Tunisie : Faible présence de la femme à la tête des partis

Selon les résultats d’une enquête nationale sur les femmes et la participation politique : l’expérience des partis politiques, des syndicats et des associations professionnelles, la présence de la femme à la tête des partis politiques, des syndicats et des associations reste faible.

L’étude réalisée par les professeurs Hafidha Chékir et Chafik Bousarsar et dont les résultats préliminaires ont été présentés, mardi à Tunis, lors d’un workshop national organisé par l’institut arabe des droits de l’homme (IADH), à concerné des syndicats et une dizaine de partis, les plus connus sur la scène politique.

Il s’agit des partis Ennahdha, Nidaa Tounes, le parti des travailleurs de Tunisie, le parti des patriotes démocrates unifiés, Al Masar, le parti républicain, Ettahrir, la coalition démocratique, le courant Al-Mahabba et Ettakatol.

Les syndicats concernés par l’enquête sont l’union générale tunisienne du travail (UGTT), l’union Tunisienne de l’industrie, du commerce, et de l’artisanat (UTICA), l’union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), le syndicat national des journalistes tunisiens et l’union des enseignants universitaires chercheurs tunisiens IJABA, l’association des magistrats tunisiens, le syndicats des magistrats et l’association des jeunes avocats.

Selon l’étude, plusieurs facteurs, notamment, d’ordre culturel et social, sont à l’origine de la faible présence de la femme au sein des partis, syndicats et associations.

La présence timide de la femme dans les partis est souvent, exploitée pour redorer l’image du parti sans plus. Les stéréotypes et la discrimination entre l’homme et la femme ont privé la femme, au lendemain de l’indépendance, de faire partie de l’assemblé nationale constituante.

Parmi les facteurs sociaux évoqués par l’étude, le taux élevé d’analphabétisme de la femme en comparaison avec l’homme a largement contribué à la marginalisation du rôle de celle-ci dans les affaires publiques, outre les traditions perpétrées dans la société tunisienne qui considère la politique comme étant l’apanage de l’homme. La femme, selon les coutumes, doit s’occuper des affaires de la famille et des activités agricoles.

Concernant la présence de la femme dans les partis politiques et les associations, l’étude démontre que les partis en Tunisie ne disposent pas de chiffres clairs sur le nombre des adhérentes et des femmes qui occupent des postes de responsabilité.

L’étude distingue entre les partis à référence religieuse et les partis modernistes qu’ils soient libéraux ou de gauche, affirmant que la représentativité de la femme varie énormément entre les deux types de partis. La présence de la femme dans les associations civiques et professionnelles semble meilleure que celle au sein des partis.

Selon l’étude, le bureau exécutif de l’association des jeunes avocats compte quatre femmes sur 9 membres. La présidence de l’association est confiée à une femme.

De même, l’association et le syndicat des magistrats sont présidés par des femmes. Sur les dix membres du bureau exécutif de l’union IJABA, quatre sont des femmes. Par contre, la présence de la femme au sein de l’UGTT et de l’UTAP est très faible. Aucune femme ne fait partie du bureau exécutif de l’UGTT qui ne compte que deux femmes seulement au sein de la commission administrative.

Pour l’UTAP, sur les 20 membres, deux seulement sont des femmes. Parmi les recommandations issues de cette étude et visant à consolider la présence de la femme dans les postes de décision au sein des partis, associations et syndicats, figurent l’encouragement de la femme à investir les milieux politiques, syndicaux et civiques et à se porter candidate aux conseils élus à l’échelle nationale, régionale et locale.

Il s’agit, aussi, de protéger les femmes contre les violences qu’elle pourraient subir au moment de l’exercice de leurs droits politiques. L’étude appelle l’Etat à prendre des mesures concrètes en vue de consacrer l’égalité hommes-femmes au sein des instances gouvernementales.

L’enquête invite les partis à changer et à développer leur programmes politiques dans le sens de l’adoption de programmes qui intéressent la femme, mettant l’accent sur la nécessité de ne pas se contenter de mentionner les droits de la femme dans les textes législatifs et de procéder à une discrimination positive au profit de la femme pour l’encourager à accéder aux postes de responsabilité au sein des partis.