Journée internationale de la danse Opération Feu Rouge de retour à Tunis

L’opération “Feu rouge que tout le monde bouge 2014″ est de retour pour célébrer la Journée mondiale de la danse, le 29 avril de chaque année. Le principe demeure le même : Que tout le monde danse,.. Souriez, Bougez, la danse n’a pas d’âge”.

L’association Ness EL Fen dont Sihem Belkhodja tient les rennes, refera avec toute son équipe, la même expérience : tout commence le matin aux heures de pointe (08H00, 10H00, 12H00 et 14H00) et aux carrefours stratégiques de Tunis (El Menzah 6, Le Bardo, La Marsa, Avenue Mohamed V,…) a déclaré dans un entretien avec l’agence TAP, Houria Abdelkafi, femme de communication, de cinéma et de théâtre, farouche défenseur de l’art.

// L’opération Feu Rouge: un petit boom de fraîcheur et de beauté //

L’idée, a-­t-­elle rappelé, est de surprendre agréablement les automobilistes stressés derrière leurs volants, les passants intoxiqués ou les usagers étouffés dans les bus et métro en les invitant à s’arrêter au feu rouge. Non pas pour se conformer au code de la route, mais pour descendre prendre un peu d’air en…Dansant.

Ce petit “boom de fraîcheur, de convivialité, de joie et de beauté” a-­t-­elle ajouté, se veut un geste pour montrer qu’à travers la danse, cette poésie muette comme dit le poète turc Simonie De Céos, le corps est le dernier rempart contre la violence et l’ultime espace de liberté. Une opération a-­t-­elle rétorqué qui intervient à la veille du festival “Tunis, Capitale de la danse”.

Parlant de nouveauté et d’originalité, elle a précisé que Tunis accueillera la première plate­forme régionale de “Danse l’Afrique Danse”, qui fera d’elle “la capitale continentale de la danse”.

// De l’Europe à l’Afrique, le fou de la danse aura droit à des créations en avant-première mondiale à Tunis // Prennent part à ce grand rendez-­vous de l’art chorégraphique, des jeunes talents repérés et accompagnés tout au long de l’année, dans le cadre de résidences en partenariat avec l’Institut français de Paris. Ainsi, des artistes en provenance d’Ouganda, Cote d’Ivoire, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Tchad, Bénin, Afrique du Sud, RD Congo, seront au rendez-­vous aux côtés de jeunes artistes tunisiens mais aussi d’Egypte, Algérie, Maroc, France et d’Allemagne. Ils auront tous un plateau royal pour montrer leurs créations. Car, malgré les difficultés que connaît le secteur de la danse en Tunisie (problème de carte professionnelle…), a expliqué Houria Abdelkafi, cheville ouvrière comme elle préfère se placer dans ce festival, il s’avère que le niveau des danseurs professionnels tunisiens est nettement au dessus du lot. Ceci est visible dans plusieurs manifestations et rencontres internationales, a­-t-­elle indiqué.

Depuis 31 ans, a ajouté Houria Abdelkafi, le festival a largement contribué à faire émerger et à faire connaître des talents prometteurs aujourd’hui confirmés, mais aussi à former le regard du public.

“Les Tunisiens sont devenus amateurs de danse contemporaine bien qu’elle soit considérée comme assez pointue, déstabilisante, étonnante et éloignée de nos traditions” a expliqué Houria. Devenue une expression de plus en plus appréciée par les Tunisiens, Parlant de la programmation, elle a précisé que le public aura à découvrir un large éventail de créations qui seront présentées en avant-­première mondiale.

// Une belle cure de quatre spectacles par jour, du 1er au 4 mai dans quatre salles //

Le festival, a-t-elle expliqué, sera une occasion pour assister pendant quatre jours, à de multiples représentations, dans quatre espaces à raison de quatre spectacles par salle et par jour. Le programme, a-­t-­elle mentionné, a été arrangé de manière à ce que le vrai amateur, le fou de danse puisse circuler d’une salle à l’autre pour faire une bonne cure de spectacles et n’en rater aucun: du 1er au 4 mai au Théâtre municipal de Tunis, le 4ème art, le Rio et le Mondial à 16H00, 17H30 18H30 et à 20H00.

Autour de cette programmation, une rencontre est prévue entre professionnels (critiques, journalistes spécialisés, directeurs de festivals, chorégraphes,…) avec à l’ordre du jour, des débats qui porteront sur la place et le statut des danseurs dans nos sociétés et les dispositifs de subventions et d’aide à la danse (dispositifs institutionnels régionaux ou nationaux), afin d’examiner de plus près leur degré d’efficacité ou le besoin de les modifier.

Un focus sera mis sur la transmission des savoirs dans le secteur de l’art chorégraphique et sur le passage de flambeau entre les générations de chorégraphes-­danseurs. Dans ce sens, elle a tenu à souligner qu’il existe trois générations de danseurs-chorégraphes et d’artistes africains. Ceux qu’elle qualifie d’Ainés et qui, depuis plus de 30 ans travaillent sur le terrain et s’acharnent pour défendre ce secteur en citant à titre d’exemples des noms comme Sihem Belkhodja, Imed Jemaa, Nawel Skandrani, en Tunisie, la sénégalaise Germaine Acogny, considérée comme la mère de la danse contemporaine africaine, le burkinabé Salia Sanou, Kettly Noël au Mali, Karima Mansour en Egypte… Ensuite, il existe la génération des talents confirmés, formés dans de grandes écoles et qui font des tournées partout dans le monde comme les Tunisiens Hafidh Dhaou et Aicha Mbarek, Ahmed Khémis, Radhouane El Meddeb, Kaïs Chouibi, Seiffedine Mannai, Mohamed Toukabri, Nejib Khalfallah, Dali Touiti…qui ont fondé leurs propres compagnies ou intégré de prestigieuses compagnies internationales comme celle de Maguy Marin, d’Akram Khan à Londres ou de Sidi Larbi Cherkaoui, chorégraphe belge d’origine marocaine, Taoufik Izzediou du Maroc. La génération “des jeunes pousses” quant à elle, réunit la pépinière des nouveaux qui sont en train de se découvrir et de se lancer. Parmi ces vocations formées et qui passent à l’acte de la création et de l’écriture chorégraphique, elle cite notamment Oumaima Manai, Nour Mzoughi, Hamdi Dridi, Wael Merghli, Selim Ben Safia, Marwen Errouine etc.

//Le festival se veut une vitrine pour gagner en visibilité et un véritable marché en terme de notoriété //

Grâce à ce festival, a-­t-elle ajouté, tous ces jeunes vont pouvoir présenter leurs travaux au public mais aussi aux professionnels. Cela va de pair avec la vocation du festival : leur servir de vitrine pour gagner en visibilité en présence d’une trentaine de programmateurs et de directeurs de festivals qui vont et -“je l’espère-” avoir des coups de coeur pour les programmer ultérieurement.

Car a-­t-­elle expliqué, le festival cherche non seulement à devenir un véritable marché ou tous les hôtes auront la possibilité de repérer les talents pour pouvoir les programmer sur les scènes en Europe mais aussi une vitrine pour la notoriété parce que l’artiste a besoin d’être reconnu par le public et par la critique.

Outre cette dimension de marché, le festival a aussi une portée pédagogique, a fait savoir Houria Abdelkafi. Tirant profit de la présence de grands chorégraphes, des workshops sont prévus dans différentes techniques de danse: quatre stages par jour seront au menu au Centre culturel d’El Menzah 6 à partir de 08H00 jusqu’à 14HOO. Chaque matinée sera réservée à une thématique: Hip Hop, danse contemporaine, danse maghrébine et orientale avec en tête d’affiche “Danse l’Afrique Danse”.