Tunisie – Gouvernement : D’un Etat dictateur à un Etat prédateur

Cet émouvant témoignage est celui de Hédi Djilani, ancien président de l’UTICA (Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat), une personnalité charismatique  qui a repositionné l’organisation patronale au national et lui a donné un rayonnement à l’international. Un homme «dégagé» de l’UTICA par la logique révolutionnaire de jeunes requins opportunistes dont certains et qui avaient déjà organisé la «mutinerie» dans un hôtel de la place et qui lui en voulaient pour des raisons que la «raison» ne connait pas… ou peut-être que si, celle de ne pas avoir pu bénéficier de ses faveurs auparavant…

Les Djilani, les Mabrouk et les autres…

Hédi Djilani a certainement commis des erreurs, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, mais mérite-t-il pour autant qu’on le juge pour crime de parenté avec l’ancien gouvernement tout comme Marouane Mabrouk qui a gagné tous ses procès devant les tribunaux mais reste toujours interdit de voyage et sous la coupe de la Commission de la confiscation et des juges du pôle judiciaire créé par Noureddine Bhiri et organisé par ses soins? Marouene Mabrouk, dont la famille figurait, avant 1987, parmi les plus nanties du pays, et auquel les expertises des tribunaux avaient rendu justice mais dont une grande partie du patrimoine reste toujours injustement «spoliés». Dans l’attente, des investissements de l’ordre de 500 millions de dinars avec une capacité de création de 8.000 emplois sont relégués aux calendes grecques, en tout cas jusqu’à ce que les tribunaux statuent définitivement sur le gel et la confiscation de ses biens et parts dans le groupe.

Les Djilani et les Mabrouk ne sont pas les seuls, il y en a d’autres qui ont souffert de la décision abusive de l’Etat de Droit de confiscation des biens. Une mesure complémentaire qui devrait succéder au jugement d’un tribunal dans un procès dans un pays qui se respecte. Il y a eu des antécédents de passe-droits, on aurait pu établir une taxe révolutionnaire sur la base des données existantes et passer à une autre phase, celle de la reconstruction d’un pays détruit par l’ignorance des agitateurs de dernière heure…

Le secteur privé n’a pas été le seul à avoir souffert des mauvaises décisions prises suite au 14 janvier. Les hauts commis de l’Etat, les anciens ministres qui ont, qu’on le veuille ou non, servi la Tunisie par leurs compétences et leurs expertises, subissent jusqu’à aujourd’hui les harcèlements des juges d’instruction sur la base de décisions prises lors de CIM présidés par Ben Ali. C’est ce qui s’appelle une guérilla à l’encontre des anciens dirigeants sans raisons convaincantes outre cette fameuse logique révolutionnaire. C’est aussi un coup dur porté à l’Etat de droit, à l’indépendance de la justice et à la suprématie de la loi.

Vivement une réorganisation du pôle judiciaire…

Le nouveau ministre de la Justice, le ministre de l’Economie et des Finances ainsi que le secrétaire d’Etat aux Domaines de l’Etat devraient plancher sérieusement sur la réorganisation du pôle judiciaire de manière à accélérer les procédures et trancher rapidement dans les affaires en jugement. Des affaires dont les pièces à conviction ne sont pas aussi évidentes que cela et dont les dossiers sont vides sauf peut-être du désir des juges de mettre à genoux et compétences et secteur privé!

Une démocratie sociale axée sur la relance de l’économie impose des décisions courageuses de la part de ce gouvernement qui a la responsabilité de secourir ses concitoyens d’où qu’ils viennent et quel que soit le milieu auquel ils appartiennent. Un Etat de Droit, les organisations des droits de l’Homme et les partis politiques devraient avoir l’honnêteté intellectuelle de se prononcer quant à ces débordements indignes d’un Etat qui se veut juste. Les droits de l’Homme sont uns et indivisibles.

L’image de marque de la Tunisie a été ternie par ces procès injustes et inéquitables ainsi que par les lois ayant émané de la logique révolutionnaire. Nous sommes passés d’un Etat dictateur à un Etat prédateur et même dans certains cas «racketteur», est-il temps aujourd’hui de passer à l’Etat réconciliateur?