La présidente du syndicat des magistrats tunisiens, Raoudha Labidi, a affirmé que “les magistrats du Tribunal de première instance de Tunis “entendent maintenir leur décision de cesser de travailler jusqu’à l’ouverture d’une enquête concernant les avocats auteurs de l’agression sur la personne du juge d’instruction du 5e bureau près cette juridiction et la présentation d’excuses officielles des structures du barreau”.
S’exprimant lundi lors d’une conférence de presse tenue au Palais de justice de Tunis par le bureau directeur du syndicat, Raoudha Labidi a déploré que les avocats se soient “laissé aller à la violence verbale et matérielle en invectivant le juge en question et en tentant de le séquestrer au lieu d’utiliser les voies de recours légales”. Elle est allée jusqu’à faire le rapprochement entre de tels agissements et ceux des “ligues de protection de la révolution”.
La présidente du SMT a réfuté les allégations des structures professionnelles des avocats selon lesquelles le juge d’instruction n’aurait pas respecté les procédures légales ni informé la section compétente du barreau comme l’y oblige la loi dans les affaires dont un avocat est partie.
Elle a produit à l’appui de ses dires des documents tendant à prouver que le juge agressé avait informé à deux reprises, le 29 janvier et le 10 février, le chef de la section du conseil de l’ordre des avocats pour assister à l’audition de l’avocate incriminée.
La déclaration du Conseil national de l’ordre des avocats “est autrement plus grave que les agissements attribués à un groupe d’avocats, en ce sens qu’elle encourage les agissements violents”, s’est-elle emportée, qualifiant ce qui s’était passé au Tribunal de première instance de Tunis de “précédent grave dans les annales”, de “journée noire dans l’histoire du barreau tunisien” et de “violation de la primauté du droit et de l’égalité devant la loi”.
Elle a aussi critiqué “la promptitude” avec laquelle l’avocat général a accédé à la demande de remise en liberté de l’avocate mise en cause, lui demandant d’en faire de même en ce qui concerne les demandes de libération présentées à l’endroit de citoyens ordinaires.
Le comité directeur du SMT avait publié au terme d’une réunion tenue peu avant la conférence de presse une déclaration demandant une entrevue avec le chef du gouvernement provisoire “pour faire le point des conséquences de l’agression contre le juge d’instruction” et réclamer “des textes de loi criminalisant les agressions contre les instances judiciaires”.
Rappelons que le juge d’instruction du 5ème bureau du Tribunal de première instance de Tunis a été agressé vendredi dernier par des avocats. Ces derniers l’ont empêché d’accéder à son bureau, le sommant de libérer leur collègue, à l’encontre de qui il avait émis un mandat de dépôt pour escroquerie.