Tunisie – Liberté d’expression journalistique : Le rôle des patrons de presse en débat

Les principaux acteurs du secteur médiatique se sont retrouvés jeudi à Tunis autour d’une table ronde ayant pour thème: « Pour un rôle avancé des patrons et directeurs des établissements de presse en matière de protection de la liberté de la presse.».

Ils ont notamment souligné le nécessaire engagement de toutes les parties prenantes en faveur de la défense de cette liberté. Les participants ont proposé dans ce sens, l’instauration d’un partenariat entre divers acteurs du secteur destiné à rendre plus performant le travail journalistique et à défendre la « sacralité » et la liberté de la profession.

Un partenariat de nature à favoriser l’avènement d’un paysage médiatique sain, répondant aux standards professionnels et à garantir indépendance et impartialité, ont-ils noté.

Pour le coordinateur général de l’unité d’observation et de documentation des atteintes à la presse tunisienne (Centre de Tunis pour la liberté de presse), Fahem Boukaddous, pareille rencontres contribuent à asseoir une nouvelle culture censée faire obligation aux patrons et directeurs d’établissements de presse de défendre les libertés publiques et individuelles et la liberté de la presse.

L’objectif étant de jeter les fondements d’une presse libre, diversifiée et professionnelle ». La liberté de la presse commande de ne jamais intervenir pour orienter les contenus et d’éviter toutes les formes de censure du travail journalistique, a-t-il estimé, formant le voeu de voir les patrons de presse prendre position, publiquement et courageusement, contre les agressions dont sont régulièrement victimes les journalistes.

Il s’agit, aussi, de vaincre les obstacles et autres difficultés qui entravent le travail de ces derniers, tout en s’employant à encadrer « la relation tendue » entre le journaliste et ses employeurs, selon Boukaddous. De son coté, la présidente du Syndicat des directeurs des établissements de presse, Amel Mzabi, a jugé irréalisable une réforme radicale du secteur de l’information tant qu’un diagnostic rigoureux de la situation n’est pas établi avec la participation de toutes les parties prenantes. Elle a appelé à la nécessité de trouver des solutions radicales pour assurer l’indépendance et l’épanouissement du secteur.

Ceci est d’autant plus vrai, a-t-elle ajouté, qu’en l’état actuel des choses, les ressources financières affectées à la publicité et à la distribution ne peuvent pas favoriser l’avènement d’un paysage médiatique pluraliste. Le président-directeur général de l’Agence TAP, Mohamed Taieb Youssefi, est lui aussi intervenu dans le débat.

L’agence TAP, a-t-il dit, a opté pour une approche qui s’appuie sur un ensemble de principes et constantes, à commencer par l’affirmation de son rôle de service public sans complaisance ni discrimination, outre l’adoption d’une ligne éditoriale faite d’impartialité, de professionnalisme et de crédibilité. Ce faisant, elle se tient à équidistance de toutes les parties en rejetant toutes les formes de diktats, encore moins les ingérences de quelque partie que ce soit.

Enraciner et défendre les libertés journalistiques, a-t- il ajouté, commandent la conjonction des efforts des établissements de presse, des composantes de la société civile et des instances spécialisées, outre la vigilance, la multiplication des cycles de formation et l’affermissement de la culture du droit à la différence et du débat d’idées.

La présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens Nejiba Hamrouni a estimé de son côté que la structuration actuelle des établissements de presse qu’elle qualifie de « champ de ruines », ne permet pas la protection de la liberté de la presse. Elle a regretté le fait que les patrons de presse ne s’intéressent qu’aux gains matériels, aux dépens des droits des journalistes et de leur condition morale et matérielle.