François Hollande : La Constitution tunisienne confirme que “l’islam est compatible avec la démocratie”

Le président français François Hollande a salué la nouvelle constitution tunisienne, la qualifiant de “texte majeur” qui établit un régime républicain, démocratique, participatif dans le cadre d’un Etat de droit.

La constitution tunisienne proclame le pluralisme, la séparation des pouvoirs, la bonne gouvernance et l’indépendance de la justice, a-t-il dit dans un discours devant l’Assemblée nationale constituante, à l’occasion d’une cérémonie solennelle organisée en célébration de la promulgation de la Constitution.

C’est un texte majeur, a-t-il expliqué, parce qu’il est le fruit d’un compromis institutionnel, fait honneur à la révolution tunisienne et peut servir d’exemple et de référence à bien d’autres pays. Hollande a souligné que la Constitution consacre aussi le principe d’égalité et garantit la liberté de croyance, de conscience et le libre exercice des cultes.

« Elle confirme ce que j’avais affirmé ici-même, en juillet dernier, dans cette Assemblée, à savoir que l’islam est compatible avec la démocratie.

Dans votre texte, vous rappelez l’attachement de votre peuple aux enseignements de l’islam et aux droits de l’Homme, valeurs universelles », a- t-il dit. Il a, par ailleurs, relevé que la Constitution tunisienne est sans doute la seule au monde à reconnaître la jeunesse comme une force vive de la construction de la Nation.

« Vous rappelez ainsi le rôle essentiel que cette jeunesse tunisienne a joué dans votre révolution. Mais vous envoyez également un message à cette génération nouvelle dans le monde qui veut prendre sa place dans toutes les sociétés », a-t-il relevé.

Cette Constitution, a-t-il encore mentionné, veut également protéger les droits acquis des femmes et veut réaliser la parité entre les hommes et les femmes dans les conseils élus. Elle veut aussi reconnaître le droit des enfants, le droit des personnes handicapées. C’est en ce sens que votre Constitution est un texte de progrès et a une vocation universelle, a-t-il précisé.

Le président Hollande a, par ailleurs, estimé que la Tunisie franchit aujourd’hui une étape majeure qui, a-t-il dit, vient après beaucoup d’autres. Ainsi et en trois ans, a-t-il fait remarquer, le peuple tunisien a eu la force de renverser une dictature. Il a eu l’audace d’organiser les premières élections libres de son histoire.

Il a aussi eu le courage de convoquer une Assemblée constituante et surmonté plusieurs épreuves, dont celles de l’assassinat de Chokri Belaid, le 6 février 2013, puis de Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier, a-t-il indiqué, rendant, à cette occasion, hommage à tous les martyrs. Hollande a, en outre, rendu hommage aux Tunisiens qui ont, a-t-il signalé, malgré les violences, le terrorisme et les provocations, su dépasser les discordes et les querelles.

« Vous avez démontré que le dialogue et le respect étaient la meilleure façon d’assurer la paix civile, la stabilité nécessaire et donc le développement économique », a-t-il souligné. Hollande a, également, salué le rôle du Quartet composé de l’Union générale tunisienne pour le travail, de l’Union tunisienne pour l’industrie, le commerce et l’artisanat, de l’Ordre des avocats et de la Ligue tunisienne des droits de l’homme, qui ont, a-t-il dit, ont permis le dialogue national et lui ont donné la capacité de réussir.

Il a aussi salué le rôle de la société civile, estimant que ce qui fait l’originalité de la révolution tunisienne, et même de la Constitution, c’est le rôle de la société civile. « C’est le signe que trois ans après ce qui s’est produit, lorsque la dictature est tombée, la mobilisation du peuple tunisien, elle, n’a jamais cessé d’être vive », a-t-il ajouté.

Le président français a, par ailleurs, évoqué les nombreux défis qui restent à relever dont la préparation de la loi électorale, l’organisation d’élections présidentielle et législatives, la garantie de la sécurité du territoire, la relance de l’économie et l’amélioration des conditions de vie des Tunisiens.

« Dans cette tâche, la France sera à vos côtés, pleinement à vos côtés, dans le cadre du partenariat que j’avais fixé lorsque je suis venu en juillet dernier », a-t-il soutenu. Il a, dans ce contexte, rappelé que la France a signé avec la Tunisie plusieurs accords de coopération dans de nombreux domaines : sécurité, culture, éducation, jeunesse, économie et agit, d’ores et déjà, sur la restitution des biens mal acquis.

Les financements que j’avais annoncés sont disponibles à la hauteur de 500 millions d’euros pour vos projets de développement, a-t-il affirmé. Il a ajouté que la France continuera de plaider auprès des partenaires européens pour que la Tunisie reçoive tout le soutien qu’elle mérite pour le processus qu’elle a engagé.

« Si nous pouvons aussi envoyer un message à tous ceux qui veulent visiter la Tunisie, qu’ils y viennent nombreux, car c’est un pays hospitalier, accueillant, beau et démocratique », a-t-il dit. Hollande a, enfin, appelé les Tunisiens à oeuvrer davantage pour la réussite de leur révolution et l’instauration d’une véritable démocratie.

« votre responsabilité est grande et va au-delà même de votre pays. C’est ici qu’une révolution est née qui a inspiré le Printemps arabe (…) Vous avez donc l’obligation de réussir. Pour vous-mêmes mais également pour tous les pays qui vous regardent », a-t-il lancé. La Tunisie n’est pas une exception, elle est un exemple, a- t-il soutenu.

« Vous montrez que la démocratie vaut pour tous les continents, toutes les civilisations, toutes les religions, toutes les cultures. Vous incarnez l’espoir dans le monde arabe et bien au-delà », a-t-il souligné. Il revient toujours, à chaque Nation, d’écrire sa propre histoire. Vous avez désormais le cadre qui vous permet d’agir, une Constitution. Gardez l’esprit qui a présidé à sa fondation, a-t-il conclu.