L’augmentation des tarifs de l’électricité qui concernera les industriels, dont le niveau de consommation dépasse 300Kw/h, “n’aura pas d’impact sur la compétitivité des entreprises industrielles”, a déclaré M. Fethi Nouri Zouhair, professeur des universités en sciences économiques et expert en énergie.
“La part de la composante énergie dans le coût final de production de l’entreprise varie entre 7% pour ce qui est de l’agroalimentaire, à titre d’exemple, et 40% s’agissant des entreprises actives dans des secteurs, tels que la cimenterie, la briqueterie ou encore le transport”, a-t-il avancé.
Au cours d’un dîner-débat ayant pour thème “impact de la politique des prix de l’énergie sur la compétitivité des industries tunisiennes”, organisé mardi, à l’initiative de l’ATUGE (Association des Tunisiens des Grandes Ecoles), l’universitaire a ajouté qu’il n’y a pas que l’énergie qui détermine la compétitivité de l’entreprise.
En effet, a-t-il expliqué, l’environnement de l’investissement, les coûts des matières premières et de la main d’uvre ainsi que le taux de change du dinar sont également déterminants.
Il a rappelé, qu’entre 2008 et 2011, les entreprises économiques ont été appelées à réduire leur consommation de 2 millions tonnes équivalent Pétrole (MTEP), ce qui a permis de réduire la subvention de 700 millions de dinars. “Toutefois, l’Etat est appelé à aider les entreprises notamment les petites et moyennes entreprises (PME) à mettre en place des systèmes de production moins énergivores”, a préconisé l’expert.
IL a recommandé, dans ce cadre, de développer les techniques de production favorisant la maîtrise de l’énergie et d’actualiser le code des hydrocarbures. Pour sa part, le ministre de l’industrie Mehdi Jomaa a souligné que la hausse du prix de l’électricité et la suppression progressive de la subvention des hydrocarbures, dans le secteur industriel, vise à maîtriser l’énergie, augmenter l’efficacité énergétique, encourager l’investissement dans les énergies alternatives et alléger la pression sur la caisse générale de compensation (CGC).
Il s’agit, a-t-il ajouté, de mieux orienter la subvention, d’éviter les augmentations uniformes, de miser sur une stratégie plus ciblée, et ce, sans porter préjudice aux couches vulnérables ni à la classe moyenne et tout en tenant compte du tissu économique et industriel. Pour ce qui est du secteur de l’industrie, il y a lieu de réorienter la subvention vers les filières à encourager, à l’instar de l’agroalimentaire, du tourisme Ces augmentations et la suppression progressive de la subvention, lesquelles s’inscrivent dans le cadre de la nouvelle stratégie énergétique, permettront à l’Etat d’économiser, en 2014, 650 millions de dinars. Le déficit énergétique de la Tunisie a atteint 1,8 MTEP, au cours des 9 premiers mois de 2013, contre 1,67 MTEP durant toute l’année 2012 et atteindra 2,4 MTEP vers la fin de 2013, selon le ministre.
Il a ajouté que le déficit s’est creusé en raison, notamment, de la hausse de la demande nationale d’énergie à 6 541 MTEP, au cours des 9 premiers mois de 2013, contre 6 496 MTEP en 2012. Il a fait savoir que la subvention (directe et indirecte) de l’Etat dans le secteur énergétique est de l’ordre de 5300 millions de dinars, précisant, à ce propos, qu’un dollar de plus dans le prix du baril de pétrole coûte à l’Etat 40 millions de dinars dans le budget et 10 millimes de plus dans le taux de change coûte 30 millions de dinars.
La Tunisie occupe la 4ème place dans la région Mena (Moyen Orient-Afrique du nord) en termes de part de la compensation dans le PIB, a fait remarquer le ministre de l’industrie.