“Tunisie-Diaspora: exils et dialogues” est le titre du nouveau numéro (16ème) de la revue littéraire parisienne Riveneuves Continents. Ce numéro sera présenté demain par son directeur et éditeur Gilles Kraemer dans le cadre de la 30ème édition de la foire internationale du livre de Tunis.
Cette revue littéraire est un travail collectif où contribuent des auteurs tunisiens installés aussi bien en Tunisie qu’en France dont le grand poète de l’exil Tahar Bekri, avec ses poèmes inédits.
La revue s’intéresse à la littérature d’un peuple de voyageurs, celle de l’exil, la nostalgie du pays perdu si présente dans les lettres maghrébines et arabes, l’obsession du retour ou au contraire l’expression de l’étouffement et l’appel du large. Mais l’exil, peut aussi être intérieur- recherché ou imposé- qui illustre souvent le statut même de l’écrivain dans une société qu’il interroge. Et le nomadisme de certains, toujours entre deux avions ou deux bateaux, deux vies et deux pays, accompagne aussi la littérature.
Pour ce numéro, la revue a mobilisé 26 auteurs de toutes générations, connus ou novices, qui croisent leurs regards et leurs expressions dans des textes d’analyse comme du professeur Samir Marzouki qui revient sur l’exil dans la littérature tunisienne de langue française. Ou aussi la chercheuse Sihem Najjar qui aborde la cyber-littérature notamment dans la diaspora ou des textes de création.
La revue est un ensemble de textes complets, ou des fragmentes (poésie, chanson, nouvelle, journal intime, analyse, fragments d’échanges sur réseaux sociaux ou des blogs…) qui parlent d’exil et de dialogues avec justesse et exigence. Ce sont des pages qui essaient de déceler cette dualité, la Tunisie et sa diaspora, ce déséquilibre créateur, chez les écrivains confirmés comme chez les novices, dans la rue, sur les murs, les portes de la blogosphère, les carnets de voyages, les affiches et les graffitis éphémères…
Les exils d’hier trouvent des correspondances littéraires avec ceux d’universitaires cherchant à échapper à l’aliénation sous la dictature comme Kmar Bendana ou d’artistes d’aujourd’hui en insécurité dans leur propre environnement (le cas de Selima Karoui) mais aussi d’intellectuels comme Abdelaziz Kacem, qui se dit réfugié poétique alors que les extrémistes se renforcent au Nord comme au Sud de la Méditerranée. Les colères et les désarrois de l’actualité s’expriment aussi dans les écrits du slameur Alaa Talbi, les chroniques de la réalisatrice Farah Khadhar ou les vagues de l’âme poétique du cinéaste Ismael dans un camp de réfugiés au sud du pays.
L’ensemble s’enrichit d’une passionnante analyse de la chercheuse marocaine Kenza Sefrioui sur la contribution des écrivains tunisiens francophones et arabophones à la revue marocaine Souffles qui, de 1966 à 1973, en pleines années de plomb, a rêvé de construire un Maghreb uni et moderne.