Abandon scolaire : L’UNFT tire la sonnette d’alarme

L’union nationale de la femme tunisienne a appelé mardi lors d’une table ronde sur l’abandon scolaire à renforcer l’encadrement des jeunes menacés aujourd’hui, plus que jamais, «de délinquance notamment face à la prolifération de l’extrémisme, de la violence et des assassinats”, selon Radhia Jerbi, présidente de l’UNFT.

“Face aux chiffres alarmants (100 mille abandons scolaires en 2012-2013) annoncés récemment par les médias, il convient de réfléchir sérieusement aux moyens de réduire ce nombre et de garantir la réussite scolaire à nos enfants”, a indiqué Mme Jerbi, annonçant à cette occasion l’ouverture à partir de la semaine prochaine du premier centre d’écoute au profit des jeunes ayant abandonné l’école et de leurs familles.

La présidente de l’UNFT a fait remarquer que l’espace 13 août à Bab Bnet à Tunis, actuellement ouvert aux femmes en détresse, sera également ouvert aux élèves en difficulté ou ayant abandonné l’école afin de leur offrir le conseil, l’orientation et l’encadrement psychologique et juridique nécessaires en attendant l’ouverture prochainement de nouveaux centres similaires dans les différentes régions du pays.

Elle a signalé que l’UNFT mettra aussi à la disposition de ces jeunes les centres de formation sous sa tutelle afin de les aider à avoir un meilleur avenir professionnel, ceci outre la promotion du rôle de “médiateur” entre la famille, l’élève et l’école et le lancement d’une enquête à l’échelle nationale pour déterminer l’ampleur du phénomène de l’abandon scolaire et identifier les problèmes pour mieux cibler la population concernée.

La table ronde à laquelle ont participé plusieurs experts du secteur de l’éducation, outre des représentants de la société civile, des sociologues et des psychologues, a été une occasion pour discuter du phénomène de l’abandon scolaire et présenter quelques chiffres.

Ahmed Mansi, ancien conseiller général en information et orientation scolaire et universitaire au ministère de l’éducation, a souligné que les taux d’abandon scolaires les plus élevés sont enregistrés dans les régions de l’intérieur notamment Kasserine, Kairouan et Sidi Bouzid, chez les garçons beaucoup plus que chez les filles et au secondaire plus qu’au primaire.

Il a rappelé que 98 mille 774 élèves ont quitté l’école en 2010-2011, ce chiffre est de 111 mille en 2011-2012 et entre 100 et 108 mille en 2012-2013.”87% des élèves ayant abandonné l’école sont âgés de moins de 16 ans”, a-t-il précisé.

L’intervenant a souligné que la famille, l’école, l’élève et l’environnement qui l’entoure sont tous responsables de l’échec scolaire mettant l’accent sur la nécessité d’intervenir à l’avance pour éviter ce résultat à travers la garantie de l’encadrement nécessaire pour l’enfant en difficulté.

Dans ce contexte, Naïma Hammami, psychologue a souligné l’importance de la communication et du dialogue avec les enfants depuis leurs bas âges.

Pour sa part, Hfayedh Bédoui, inspecteur des écoles primaires a imputé la responsabilité de l’échec et de l’abandon scolaire à l’école qui, selon lui, n’est pas à l’écoute de ses élèves.

L’intervenant a fait savoir que les personnes les plus touchées par l’abandon scolaire sont les élèves ayant des troubles d’apprentissage (10%), les porteurs de handicap, les élèves ayant des difficultés d’apprentissage et les doués.

Il a fait remarquer que le système éducatif n’a adopté aucune mesure pour renforcer l’encadrement de cette population notamment ceux ayant des troubles d’apprentissage et les doués.

Il a, en outre, signalé l’absence de formation de base pour les enseignants, le manque de sessions de formation continue, l’absence de cellules d’écoute et la négligence de l’aspect psychologique chez l’élève.

Dans ce cadre, il a proposé la création d’une cellule d’écoute et d’accompagnement pour les mères des élèves ayant des troubles d’apprentissage et l’instauration de la journée nationale de l’abandon scolaire outre la nécessité de revoir radicalement l’ensemble du système éducatif.