Sortir de la domination (mise à jour)

Par : Autres

Suite au rappel sur le site Directinfo d’un article que WMC avait publié en 2012, Hélé Béji nous a écrit le texte ci-dessous:

Sous la plume d’un journaliste qui signe R.N. du journal Le Matin, dans un article intitulé “Face à l’inquisition islamiste, la naïveté des intellectuels?“, repris dans WMC, je lis aujourd’hui un paragraphe me concernant qui n’est que le copier-coller d’un article paru dans le magazine électronique de Marianne, écrit le 31 mars 2012 par un certain Brendan Troadec. Cet article était tellement faux et outrancier à l’époque, au regard de mon intervention au colloque de Marianne à Marseille le 30 mars 2012, que je n’avais pas jugé utile d’entrer dans une polémique absurde. Le fait qu’il soit repris aujourd’hui sans qu’ait été vérifiée l’exactitude de mon intervention me contraint d’en reproduire ici la version originale. Le journaliste du Matin aurait pu la consulter dans le journal Le Temps, où elle était parue in extenso; cela lui aurait évité les tromperies et les inquisitions de la désinformation, aussi dangereuses que celles de la religion.

Sortir de la domination
Par
Hélé Béji

La révolution tunisienne porte en elle la sortie de la domination. La question que je me pose est la suivante: comment rendre irréversible cette fin de domination? Est-ce que la liberté va survivre au moment révolutionnaire lui-même, et de quelle manière?
Deux événements mondiaux ont ouvert le XXIème siècle, le 11 septembre 2001, le 14 janvier 2011. Dans l’un, la condition humaine a divorcé de son humanité sous la terreur; dans l’autre, elle s’est réconciliée avec elle dans une révolution pacifique. Leur seul point commun: ils ont été le fait de Musulmans, des fanatiques d’un côté, des humanistes de l’autre.
La nouveauté du 14 janvier, c’est qu’un peuple arabe ne s’est pas levé par haine de l’Occident, mais contre les siens. C’est une première. Mieux, c’est comme si l’histoire de l’Europe se poursuivait dans la non-Europe, dans l’anti-Europe, dans le sillage des révolutions européennes de 1789, de 1989, ou de mai 1968. On n’est plus brouillé par le dogme de la différence culturelle, ni d’une culture arabe imperméable à la démocratie. La nature de la révolte a changé, elle n’est plus de l’ordre de l’identité, mais de la liberté. C’est ça la révolution.