Tunisie : L’économie accuse un coup dur et la solution ne peut être que politique

Plusieurs experts économiques tunisiens ont affirmé dans des déclarations à la TAP, que “l’assassinat du constituant Mohamed Brahmi à la cité El Ghazala et de huit militaires, au mont Chaambi, constitue un coup dur pour l’économie tunisienne”. ILs ont été unanimes à considérer que “la solution ne peut être que politique”.

La spirale des assassinats a suscité des craintes quant à la la situation économique du pays, menacée, aussi, par les sit-in et grèves. D’après l’expert économique et l’ancien membre du conseil d’administration de la BCT, Moez Labidi, les derniers événements survenus en Tunisie, se sont répercutés sur l’investissement étranger, dans la mesure où ils ont reflété l’incapacité de l’appareil sécuritaire à protéger les élites politiques. Il a estimé que le climat d’investissement a été impacté de façon à freiner les intentions d’investissement en Tunisie et ouvrir la porte à la fuite des investisseurs, à moyen et long termes.

De cette situation, va résulter, selon lui,” une dégradation du taux de croissance et une détérioration des conditions sociales dans le pays, ce qui aura pour conséquence l’émergence d’une nouvelle vague de protestations, avec pour corollaire un ralentissement de la machine économique”. La grève générale décidée par l’UGTT, le vendredi 26 Juillet 2013 a coûté au pays entre 150 et 200 millions de dinars, a estimé l’expert.

Une régression des recettes en devises en vue ———————————————

A court terme, la Tunisie devra connaître une régression des recettes touristiques, l’un des piliers de l’économie tunisienne et l’une des principales sources de financement du budget de l’Etat, selon M.Labidi. Et d’ajouter, que l’activité du secteur est fortement liée à la sécurité et la stabilité du pays.

D’après lui, ces assassinats vont entraîner, tôt ou tard, l’abaissement de la note souveraine de la Tunisie avec pour corollaire une hausse du coût du financement étranger et une baisse de la marge de manœuvre de la Tunisie lors des négociations en matière d’octroi des crédits.

Il a fait savoir que cette situation va contribuer à la diminution des réserves de change du pays, estimées en Juillet 2013 à 104 jours d’importations, ce qui va peser davantage sur le cours du dinar tunisien.

Laabidi a souligné que le taux de change tunisien par rapport aux autres devises n’a pas été réellement affecté par les évènements récents, d’autant que le dinar a connu au cours des derniers mois des glissements variables. Le dinar tunisien peut accuser des taux de glissement plus élevés si rien n’est fait à temps, par les partis politiques.

Autre facteur pouvant accroître le glissement du dinar et cités par l’expert, la montée du marché noir des devises, alors qu’il était peu développé en Tunisie par rapport à d’autres pays tels que l’Egypte et la Syrie.

Il a considéré que le processus de réforme engagé en matière de révision du modèle économique et des politiques de subvention ne peut se concrétiser, tant que « la rue a la mainmise sur la décision politique ».

L’expert a appelé, à cet effet, à la nécessité d’aboutir à un consensus entre les différents acteurs sur la scène politique et économique. Il s’est adressé à l’opposition, en soulignant que « l’échec du gouvernement ne justifie pas la création d’un vide politique et le blocage de la machine de production en ayant recours à la grève».