Opinion : «Califat», dit-il ?

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Dans l’histoire du «judaïsme», le sionisme est bien bâti sur l’un des plus énormes mensonges de l’Histoire. Dans celle de l’islam, le «califat» est un mensonge plus énorme encore. De quel «califat» parle le démagogue «porte-parole officiel du Parti «Ettahrir» Ridha Belhaj»? Imagine-t-on que Ridha Belhaj et ses adjoints «libérateurs» ignorent leur propre histoire ? Non, mais c’est l’aveuglement et l’opportunisme absolus en ces temps où la sincérité et l’honnêteté n’ont plus cours dans le marché aux épices.

Notre Prophète n’a pas construit un Etat mais il a formé une «umma» (nation), comme le lui a demandé Allah.

Notre Prophète n’a jamais désigné quelqu’un pour le «remplacer» à la tête de l’Etat, puisque cet Etat n’existait pas de son vivant.

Pendant les derniers jours de sa vie, lors de sa maladie, le Prophète a désigné Abu Bakr comme imam guidant la prière et n’a jamais dit, ou fait allusion, à une quelconque fonction politique de chef d’Etat.

Pendant les 15 ou 20 jours de la maladie du Prophète, la lutte pour le pouvoir politique s’est enflammée à Médine : les «ansars» tenaient des réunions dans la «séqifa (préau)» des béni saad (سقيفة بني سعد) pour désigner l’un des leurs comme chef de la communité, excluant les «mouhajiryn», les considérant comme «immigrés».

Alors qu’on lavait encore la dépouille du Prophète, Omar ibnul Khattab eut vent que les «ansars» se sont mis d’accord sur l’un des leurs comme «successeur» du Prophète à la tête de la communité musulmane. Omar accouru, avisa Abou Bakr et tous les deux avec Abu Obeyda ibnul Jarrah se dépêchèrent à la séquifa.

On connaît la suite : Abou Bakr fut imposé comme chef de la communité par tribalisme et contrairement au texte coranique qui impose le vote universel pour choisir le chef de l’Etat et aux directives du Prophète qui imposent « la choura ». C’est le premier dérapage des sahaba et le plus important dans notre histoire.

On ne s’étonnera pas que plusieurs sahaba n’aient pas accepté la «présidence» d’Abou Bakr et que toutes les tribus de la péninsule se soient révoltées à part deux : qoraych et Ettayef. On appela cette révolution «guerre d’apostasie » (حرب الردة), ce qui est totalement faux et une altération de l’histoire.

Abou Bakr n’avait aucun titre officiel : on ne l’appelait ni «calife», ni «chef», ni «seigneur», mais «abou bakr», simplement.

Abou Bakr trangressa le texte coranique en désignant comme successeur son principal conseiller Omar par lettre écrite sur son lit de mort. C’est à la troisième année de la présidence d’Omar que Moughira ibn Chooba donna à Omar le titre «amyrul moominyn» (أمير المؤمنين). C’est le titre officiel que garderont tous ses successeurs. Donc, c’est le système «émirat» et non «califat» qui fut choisi par Omar.

Muaawya ibn aby Sofiane fera le second virage vers le despotisme en instituant la monarchie, système qu’il a copié de Byzance. A son intronisation, Mouaawya annonça : « Je suis le premier roi de l’Islam ». Néanmoins, Muaawya garda le titre officiel de «Amyrul_moominyn». C’est ainsi que tout le monde s’adressait à lui et c’est ainsi qu’il correspondait.

Aucun chef d’Etat ne s’appela «calife». «Khalifa» est un adjectif utilisé par les historiens à partir du 3ème siècle  de l’hégire pour distinguer «Amyrul_moominyn», le «symbole» abasside installé à Baghdad, des autres «rois», «sultans», « émirs » qui faisaient profusion. N’oublions pas que l’empire islamique ne fut un que pendant les quelques années du règne d’Abdul Malik ibn Marwane et ses fils. Dès 138 de l’hégire, l’empire commença à se disloquer : un «Amyrul_moominyn» abasside à Baghdad et un autre «Amyrul_moominyn» omeyade à Cordoba. Un troisième à Fez et un quatrième à Kairouan et la liste des Etats s’allongeait quotidiennement.

Les Ottomans ont pris le titre officiel de «sultan». Alors, où Ridha Belhaj et ses démagoues voient un « Khalife » et un « Khalifat»?

ridha_belha2012jLe « califat » est antinomique avec l’islam car c’est une aberration que la raison, le réalisme et l’histoire rejettent. Le califat n’est rien d’autre qu’un système impérial absolutiste, rétrograde et impossible à réaliser. Demandez à Ridha Belhaj : « quel calife a-t-il comme modèle ou repère » ? Haroon Arrachid, un psychopate sanguinaire ? Suleyman le Turc, un boucher ? L’ayyoubite salahuddine, un charlatan ignare qui a détruit l’Egypte et donné Jérusalem aux croisés ? Il vous répondra, peut-être, «Omar ibn Abdulazyz» ! Balivernes.

Terminons par deux ayat (versets coraniques) et un hadith qui ensevelissent le califat et stipulent que l’hérédité du pouvoir est haram en Islam :

(فَبِمَا رَحْمَةٍ مِّنَ اللّهِ لِنتَ لَهُمْ وَلَوْ كُنتَ فَظّاً غَلِيظَ الْقَلْبِ لاَنفَضُّواْ مِنْ حَوْلِكَ فَاعْفُ عَنْهُمْ وَاسْتَغْفِرْ لَهُمْ وَشَاوِرْهُمْ فِي الأَمْرِ فَإِذَا عَزَمْتَ فَتَوَكَّلْ عَلَى اللّهِ إِنَّ اللّهَ يُحِبُّ الْمُتَوَكِّلِينَ* *آل عمران*159)
(وَالَّذِينَ اسْتَجَابُوا لِرَبِّهِمْ وَأَقَامُوا الصَّلَاةَ وَأَمْرُهُمْ شُورَى بَيْنَهُمْ وَمِمَّا رَزَقْنَاهُمْ يُنفِقُونَ*38* الشورى)
(لو كنت مؤمّرا أحدا من أمّتي من غير مشورة لأمّرت عليهم ابن أمّ عبد).