L’objectif que devrait poursuivre le pays est “d’affranchir de la pauvreté deux millions de tunisiens, au cours des cinq prochaines années”, ce qui exige, de notre part, “une nouvelle approche qui soit en rupture avec l’ancien modèle de développement et la mise en place de toutes les conditions pour que l’économie soit au service de la société”, a déclaré, vendredi, le Président de la République provisoire, Moncef Marzouki.
Il a, également, indiqué, à l’ouverture du colloque sur la citoyenneté qu’organise la Présidence de la République, en marge du Forum social mondial (FSM), que les libertés individuelles et collectives “n’ont aucune valeur si elles ne sont pas mises au service des droits économiques et sociaux”, soulignant, dans ce contexte, son refus que la démocratie ne se réduise à “un simple gadget pour élites et qu’elle ne s’intéresse pas, dans son acception libérale, aux droits économiques et sociaux qui représentent une garantie pour la pérennisation de la liberté”.
Tant qu’elles sont parachutées et formelles, a-t-il dit en substance, les valeurs de liberté et de démocratie balisent la voie, dans un climat de pauvreté et de marginalisation, au retour de la dictature en reproduisant le même modèle qui aggrave la pauvreté et la corruption.
Le Président de la République a ajouté que “la Tunisie se doit de mettre au point un nouveau modèle de démocratie, du moins d’améliorer le système existant, de chercher de nouvelles voies pour combattre la pauvreté, qui constitue l’ennemi principal contre lequel s’est soulevé le peuple, et pour éliminer le chômage et l’exclusion”.
“Croire que l’économie de marché, libérale ou néo- libérale, est à même d’affranchir les tunisiens de la pauvreté, dès le départ, est une idée fausse et périmée, a-t-il poursuivi, précisant que “l’économie sauvage” ne fera qu’élargir le fossé entre les pauvres et les riches et aggraver les problèmes sociaux.
le Président de la République a insisté sur l’alternative sociétale solidaire que la Tunisie post-révolution tente de mettre en place. Cette expérience doit être unique et ne jamais dupliquer celles menées par d’autres pays, mais essayer plutôt de les réformer, de leur apporter un plus”, a-t-il poursuivi.
Après avoir évoqué “la fin de la tentation hégémonique ayant caractérisé la relation entre l’Etat et la société civile”, Marzouki a expliqué que le partenariat entre ces deux parties est vital et doit être réel, pragmatique et honnête, soulignant, dans ce contexte, sa détermination à préserver “l”indépendance des associations de développement”.
Par ailleurs, le Président de la République a indiqué que tous les regards sont tournés vers la Tunisie qui constitue “un laboratoire où s’opère une expérience jamais tentée auparavant”, soulignant “son refus de diviser la société tunisienne en modernistes laïques, d’un côté, et islamistes, de l’autre.
“Pour la première fois dans l’histoire des sociétés arabo- islamiques, la Tunisie suit un modèle de gouvernement de coalition, fondé sur la cohésion nationale”, a-t-il poursuivi, précisant que cette étape “exige que chaque partie reconnaisse l’existence de l’autre, afin de participer ensemble à la construction de la société”.
Moncef Marzouki a, également, souligné que la Tunisie ne renoncera jamais à la démocratie qui, malgré quelques maladresses au niveau de la pratique, est préférable à toute forme de dictature.