« Ce n’est pas possible, ce type n’a pas évolué ni mûri politiquement, on dirait qu’il vit au rythme de la révolution bolchévique de 1917 »…«Je dirais plutôt qu’il tient le même discours que celui tenu lors des assemblées générales à l’Université devant une jeunesse utopiste et imprégnée des valeurs de l’absolu, qu’il s’agisse, d’égalité, de partage des richesses, de justice, ou de luttes de classes. C’est l’éternel adolescent politique »…Ce sont là quelques unes des réflexions que l’on vous lance à la figure dès que vous citez le nom de Hamma Hammami.
Hamma Hammami, porte-parole du Front Populaire, est resté ce militant imprégné de la doctrine gauchiste radicale lorsque tous les fiefs du socialisme dans un monde globalisé sont tombés, à commencer par la chute du régime soviétique et ceux des pays de l’Est, arrivé à la Chine, dont l’économie se libéralise de plus en plus, et passant par les pays de l’Amérique latine.
Rien n’y fait, Hamma Hammami, bête noire de la communauté d’affaires tunisienne, qui voit en lui le prédateur du capital, n’a pas beaucoup évolué dans ses discours politiques où la démagogie et le populisme évincent un projet et des propositions concrètes correspondant à la réalité tunisienne et à sa configuration socio-économique.
Lorsqu’il soutient sur les ondes d’une radio le capital national, nous ne pouvons discerner ses véritables intentions, désignerait-il le capital humain ? Le capital investissement ? Ou s’agirait-il plutôt d’opérateurs privés ?
Cet homme qui oppose systématiquement un non catégorique aux projets de prêts internationaux, oublie, lui, dont le background académique est littéraire (Il a étudié la littérature arabe), que si la Tunisie veut sauver son économie, elle ne pourrait le faire qu’à une seule condition : recourir aux emprunts et sur une longue période si possible. Alors que les Etats-Unis, eux-mêmes, ne peuvent et ne pourraient avoir une économie autonome et autosuffisante, il estime, lui « prix Nobel de l’économie » … que la Tunisie pourrait s’auto-suffire. La formule serait simple : « Il faut nationaliser les secteurs stratégiques (énergie, mines…) pour les mettre au service des populations locales. Tout comme il faudrait axer le développement économique autour de l’agriculture».
Et tant qu’il y est, il pourrait revisiter l’expérience collectiviste d’Ahmed Ben Salah et nationaliser Entreprises et groupes privés…Why not ? Pour lui : « Il ne faut pas qu’une minorité s’octroie toutes les richesses alors que le peuple, seul souverain des richesses du pays, en est privé, fait face à la hausse des prix et souffre d’un pouvoir d’achat de plus en plus bas ». La faucille et le marteau illustrant l’union des ouvriers et des paysans, c’est l’image à laquelle nous renvoie très souvent le discours de Hamma Hammami.
L’absence de propos sur la culture et les valeurs du travail nous rappellent aussi que lui, dont la vie a été accaparée par le militantisme de gauche et marquée par des séjours fréquents dans les prisons, n’a jamais travaillé. Hamma Hammami est presque tout le temps dans les revendications, rarement dans les projets ou les propositions. Et si propositions, il y a, elles sont trop souvent inadaptées à la réalité du pays… Ne se satisfaisant pas de l’état de délabrement actuel du pays, il estime que la Tunisie pourrait encore supporter des campagnes de chasse aux sorcières touchant les corps de sécurité, de la magistrature et de l’information.
Ce leader politique obnubilé par l’idée d’être éternellement harcelé par la police politique, estime aujourd’hui mériter l’investiture suprême « Si le Front populaire me le propose ». Il a soutenu la tenue de la Kasbah II qui a mené le mouvement islamiste au pouvoir et défendu la création de l’instance nationale pour la réalisation des objectifs de la Révolution qui a orchestré l’idée des élections d’une constituante et mené à la création des ligues de protection de la révolution. Hamma Hammami est dans la révolution permanente. L’ordre social existant ne lui plait pas et ne lui sied pas, c’est un autre qu’il veut mettre en place. Il vient de déclarer que le « peuple tunisien qui a renversé le régime de Ben Ali est capable de renverser le gouvernement actuel pour former un gouvernement de salut national ». Il avait déjà appelé avant la chute de Ben Ali à la dissolution des institutions fantoches, comme si c’était le président partant qui les avait fondées et comme si le peuple et les élites tunisiennes ne les méritaient pas. Son discours a fait de l’effet à voir ce qui en reste aujourd’hui et la situation de l’Etat désarticulé de la Tunisie.
« Les révolutionnaires pensent abolir les classes : ils rétablissent une hiérarchie encore plus dure » disait Eugène Ionesco, c’est ce qui correspond le mieux et le plus au profil de Hamma Hammami.
Nous pouvons tous être des révolutionnaires, nous sommes moins nombreux à pouvoir supporter la souffrance, la fuite, le harcèlement tels que ceux vécus par Hamma Hammami, mais pouvoir être un Homme d’Etat, avoir de la vision, se projeter dans l’avenir et y projeter le peuple, ne peut être le tribut de tout le monde et certainement pas de Hamma Hammami.
La suite, bientôt
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