Un poids, une mesure

Il est une espèce d’hypocrisie qu’on ne peut qualifier que de sioniste, celle qui consiste à interdire aux autres ce qu’on se permet et qu’on considère comme «un droit, celle qui altère toutes les vérités et qui crie au crime à la moindre critique. L’un des exemples frappants de cette hypocrisie est l’instrumentalisation des mosquées, des établissements scolaires, de l’administration et des espaces publics.
Les communistes rouges et les laïcs francisés de Tunisie ne ratent aucune occasion pour décrier certains comportements de certains «islamistes» noirs et wahhabites de Tunisie (prière dans la rue, prière de l’aïd dans les stades et terrains vagues, invitation de prêcheurs et surtout le discours de certains prêcheurs du vendredi). L’un des leitmotive des laïcs est «la neutralité des mosquées». Laissons de côté le vrai but de cette campagne islamophobe ininterrompue et mettons-nous d’accord sur le principe de la neutralité des espaces publics : ce principe est-il applicable partout et par tous ou est-il à sens unique ?
LE DEVOIR DE SYNTHESE
«Le sujet de l’examen consiste en un dialogue établi entre deux personnes, représentant deux avis différents, une qui justifie et l’autre qui condamne, un attentat perpétré contre un leader politique tout en mettant en relief le danger de la violence, notamment politique, et sa répercussion négative sur l’unité de la société». Ce compte-rendu du sujet d’expression écrite en arabe présenté par l’enseignante Nadia Gharsallah à des élèves de 9ème année dans le collège Tahar Haddad à Nabeul est loin de traduire le texte du sujet et surtout le but et la finalité de ce devoir. Il faut relire le sujet, s’arrêter aux mots-clés, voir de près le style utilisé et étudier les questions posées.
TRADUCTION DU DEVOIR
«La position (l’attitude, le parti pris) de ton camarade à propos de l’assassinat de l’un des leaders d’un parti d’opposition, t’a abasourdi (déconcerté, étonné, stupéfait, surpris) puisqu’il a considéré l’évènement [comme] une fin naturelle pour tout inconscient (imprudent, téméraire) qui s’attaque (ose s’attaquer) aux responsables de l’autorité gouvernante et ne se lasse pas de la critiquer directement au point de l’accuser (l’incriminer) de se dissimuler (se camoufler) derrière la religion pour arriver à des buts étroits qui ne s’élèvent pas à être un projet national constructif, ignorant les vrais problèmes de la société tunisienne. Tu as essayé de le convaincre de la gravité de sa position qui menace la liberté d’expression et légifère pour la violence en général et la violence politique en particulier.
Rapporte (reproduis) le dialogue qui s’est engagé (déclenché) entre vous [deux] tout en adoptant la position du martyr et son projet national, [et ] démontrant ce qu’a la violence comme danger visant l’unité de la société et aspire (se propose) et légifère pour la dictature».

CRITIQUES
1)- Le texte en arabe est mal bâti, plein de lacunes stylistiques, on se demande si les étudiants à la fac de Manouba le comprendraient, que dire des enfants de 9ème dans un collège.
2)- L’enseignante a canalisé la pensée du lecteur de son texte dans un sens unique : accepter que son leader Chokri Belaïd représente à lui seul l’avenir, la démocratie etla liberté d’expression en Tunisie. Tout autre avis est condamnable et entre dans le cadre des « ennemis de la démocratie».
3)- Quel «projet» peuvent voir, comprendre ou interpréter, des enfants de collège ou un tunisien ordinaire, dans les déclarations de Chokri  Belaïd ? Et, s’il y en avait un, est-il inscrit dans les programmes scolaires ? Sinon, comment expliquer qu’une enseignante parle de politique et surtout d’idéologie extrémiste (celle des communistes et des laïcs) à des enfants censés étudier un programme établi ?
3)- Conceptuellement, le texte n’est qu’un discours endoctriné et d’endoctrinement de mineurs dans un établissement scolaire public.
4)- le texte fait l’apologie d’une personne inconnue de la grande majorité des tunisiens, connue pour son salafisme idéologique extrémiste et n’a aucun poids sur l’échelle nationale. C’est la démagogie fabriquant un « leader-héros-martyr », et sur ce point, l’enseignante s’est trompée de lieu se croyant au studio de nessmabelaïd ou de hannibalaïd, non dans une classe.

CONCLUSION
* Quand on limite « la violence en général et la violence politique en particulier » à l’assassinat d’un opposant politique, et à lui seul, gommant les assassinats des autres opposants, les assassinats «civils», la terreur dans les stades, la violence du mot dans les médias et dans la rue, la goujaterie d’animateurs et animatrices, quand on fait cela c’est qu’on est plus qu’endoctrinée, on est viscéralement désaxé.
* Quand on impose à des enfants un seul choix, un seul chemin, une seule idéologie, c’est qu’on est hypocrite quand on prononce «liberté, démocratie, droit» parce qu’on prépare la dictature rouge.
* Quand on instrumentalise des mineurs d’écoles et collèges ou des élèves ou des étudiants et qu’on condamne l’instrumentalisation des mosquées, c’est qu’on est en plein dans l’anarchie bolchevique meurtrière et qu’on est un vrai sioniste.
Ce devoir doit être supprimé et l’enseignante en arrêt de travail pour la traduire devant un conseil disciplinaire national en attendant «un rapport élaboré par l’inspecteur » si cet inspecteur n’est pas déjà acquis et plus aveuglé que l’enseignante.
«Le secrétaire général du syndicat de base de l’enseignement secondaire à Nabeul, Fayez Nakouri a indiqué que «l’enseignante en question a justifié le choix du sujet de l’examen par son lien avec le thème de la violence inscrit au programme d’enseignement des élèves de la neuvième année». Oui, la violence comme phénomène social est inscrite comme d’autres phénomènes, mais la limiter à l’assassinat de Chokri Belaïd, c’est de la propagande idéologique qui, elle, n’est pas inscrite.
«L’enseignante a fait part de son étonnement de la polémique suscitée autour de ce sujet» ! Ah, bon ? Elle a lu son texte ? Une question à cette «étonnée» : une enseignante «islamiste», dans le même collège, ou un autre, aurait donné le même sujet en remplaçant Belaïd par l’un de ses «leaders-héros-martyrs», que dirait et ferait Nadia Gharsallah si sa fille, ou sa sœur, était rentrée avec le sujet dans l’autre sens ?

Réaction d’Amad Salem à l’article Nabeul : Un sujet de devoir de langue arabe suscite une polémique sur les réseaux sociaux