Tunisie : Les fausses statistiques

Je pense que la situation est encore pire que ce que les statistiques montrent. Celles-ci sont généralement trafiquées pour des raisons politiques même quand elles sont collectées à travers des enquêtes. Classer la Tunisie 47e dans le climat des affaires tout juste derrière l’Espagne et loin devant la Turquie (qui réalise des taux de croissances faramineux) et le Maroc (94e) qui, à mon avis, a un bien meilleur climat que le nôtre, dé-crédibilise les chiffres avancés. Je pense qu’on devrait être au delà de 100.

Le classement de la Tunisie 40e pour l’indépendance de la justice démontre a tel point toutes les statistiques sont faussées. 59e dans la robustesse des banques est une autre plaisanterie. On sait tous qu’une bonne partie de nos banques auraient dû déposer le bilan il y a bien longtemps.

Tout cela pour dire que, avant qu’on ne tente aucune reforme sérieuse, il faudrait avoir des chiffres fiables. C’est là où il faudrait commencer par faire un état des lieux. Une cellule de crise devrait être établie pour développer un système d’information fiable et dynamique qui permette aux pouvoirs publics d’orienter leurs politiques conséquemment.

Qu’en est-il de la stratégie de l’Institut National des Statistiques dans tout cela?

Le coût de la bureaucratie est encore plus élevé que ce que les statistiques, encore une fois, suggèrent. 11 jours pour créer une entreprise est on ne peut plus loin de la réalité. C’est à peine une structure légale que l’on pourrait avoir dans ce laps de temps. J’ai été impliqué dans la création d’une entreprise agroalimentaire il y a 3 ans, cela a pris plus d’un an pour obtenir plus de 30 permis, y compris la non opposition de tous les voisins du business qui se trouvent dans un rayon de 600 m, sachant que l’affaire se trouve dans une zone industrielle qui permette ce genre d’affaire dans son cahier de charges. C’est juste un exemple pour montrer que le coût de la bureaucratie est très élevé.

La réforme devrait aussi commencer par calculer le vrai coût de notre administration au lieu d’en faire l’éloge pour avoir assuré la continuité de l’Etat. Les auteurs ont bien fait d’identifier ce facteur critique dans le développement des affaires et de l’économie en général.

Le volet réforme administrative est, à mon avis, le plus important dans l’action gouvernementale dans les 2 années qui viennent. Sans un vrai état des lieux, on ne peut concevoir aucune reforme et aucune stratégie de développement.

 Par Sofiane Sahraoui

Article publié sur WMC Tribune