Tunisie – Economie : A quand la révolution du travail?

Nombre d’entreprises tunisiennes ont d’ailleurs plié bagage pour aller s’implanter dans une destination de prédilection: le Maroc, entre autres. Bien entendu, certains diront, «pas grave, d’autres viendront en Tunisie…»

L’efficacité économique des entreprises reposerait sur leur capacité à réagir face aux aléas, estiment des économistes de renom. Il paraît bien que nos entreprises qui ont bien réagi aux aléas de la crise économique internationale n’ont pas pu le faire après la révolution. «Trop de pressions de la part du personnel, un Etat presque inexistant, une UTICA incapable de défendre nos intérêts face à une UGTT qui impose ses règles et fait sa loi en l’absence de vis-à-vis valables. Non. Etre un opérateur privé aujourd’hui en Tunisie n’est pas une sinécure. Au lieu de valoriser le travail, de nous considérer comme des modèles de réussite et nous aider à faire face à la crise économique aussi bien internationale que nationale, on fait tout pour détruire notre image, nous réduisant à des corrompus, des exploiteurs et allant, des fois, jusqu’à nous racketter», a déclaré un homme d’affaires sous le couvert d’anonymat.

Dans l’administration, les hauts commis de l’Etat ne peuvent pas non plus gérer leurs troupes de crainte d’être accusés d’être des symboles de l’ancien régime par des employés incompétents, paresseux ou des loyalistes au service des nouveaux maîtres du pays.

En l’absence d’une vision politique qui tranquillise et assure l’adhésion du secteur privé au projet de relance économique du pays, en présence du laxisme et du laisser-faire, laisser-aller de l’Etat, mais aussi de l’inconscience de certains travailleurs et organisations syndicales qui feignent d’oublier que la pérennité des emplois dépend de celle des entreprises, il y a fort à parier que le pays ne sortira pas sitôt de son marasme socioéconomique.

«Ce sont les travailleurs manuels et intellectuels qui ont donné un corps à la liberté, et qui l’ont fait avancer dans le monde jusqu’à ce qu’elle devienne le principe même de notre pensée, l’air dont nous ne pouvons plus nous passer, que nous respirons sans y prendre garde, jusqu’au moment où, privés de lui, nous nous sentons mourir», disait Albert Camus…

Le gouvernement en place en Tunisie dispose, comme seul cheval de bataille, la lutte contre la corruption. Les seuls spots diffusés sur la télévision appellent des Tunisiens «fauchés» à faire des donations au gouvernement et d’autres désillusionnés à accepter le principe de dédommagement des victimes et anciens prisonniers dont la plupart sont des nahdhaouis.

Aucun spot, aucune communication vantant la valeur du travail, la préservation du tissu productif, et pour tout un chacun de participer à la création des richesses. Pourtant, Ridha Saïdi, ministre conseiller auprès du chef du gouvernement chargé des Dossiers économiques et du sociaux, avait déclaré lors d’une rencontre économique «Notre ambition est de généraliser et d’élever le niveau de nos prestations sociales et de notre production, de faire en sorte que le marché soit plus captif et que le site Tunisie soit plus attractif…».

A ce jour, que de paroles… Quant au concret… “yjibou rabbi“.

Amel Belhadj Ali

Article publié sur WMC 

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