Quand Bourguiba fait débat

« Aborder l’histoire est du ressort des historiens », est un pléonasme dont le but est de dévier du fonds des débats. Il est tout à fait normal qu’on ouvre le dossier de la lutte nationale contre le colonialisme français pour remettre Bourguiba, B Youssef, Thaalbi et les autres leaders chacun à sa juste place. On comprendra mieux le personnage de Bourguiba et comment il est arrivé à éliminer tous ceux qui lui faisaient ombre et entravaient ou ralentissaient sa course et son ambition vers la « chaise ». On ouvre aussi les dossiers de 1955 à 1987 pour comprendra la mécanique engendrée par Bourguiba pour instaurer un système absolutiste sanguinaire des plus abjects et des choix économiques qui ont mené le pays à la dépendance et une dictature pseudo culturelle d’adoration de la personne. Bourguiba n’a pas réussi son absolutisme tout seul ni par génie, au contraire. Donc, de vieux dossiers doivent être ouverts, épluchés et regardés à la loupe.

Et, quand l’un des artisans de cette période, comme Essebsi, Mestiri, Moalla, ou tout autre dinosaure, dit : «inutile d’éplucher les vieux dossiers et de remettre à l’ordre du jour les conflits d’un passé lointain», ce n’est pas sans raison. Le ministre Dillou va dans le sens d’Essesbsi pour d’autres raisons.

Quand, aujourd’hui, des corbeaux croassent appelant Bourguiba à leur « secours », quand des pics-verts tambourinent pour présenter Bourguiba comme « un rempart » (contre quoi et qui, la dictature et la corruption), quand des chaînes lèchent-culs, opportunistes et salafistes mettent des « tawjihat arrays » à longueur de journée, il est temps de dire la vérité aux générations sur Bourguiba, ses valets, ses courtisanes et ses suceurs du sang du peuple.

Béji Caïd Essebsi a échoué lamentablement à remettre le système bourguibien pendant 10 mois et c’est pour cela qu’il a brûlé le pays. Maintenant, il reprend du duvet et se présente comme « unificateur-rassembleur » ! De qui ? Pour qui travaille-t-il à 86 ans ? Pour le pays ? Le pays n’en veut pas. Alors qu’ils la ferme, qu’il s’occupe de passer une vieillesse avancée dans le calme et qu’il se fasse oublier pour toujours. Peut-être alors que son dossier ne sera que lu superficiellement.

Commentaire de Amad Salem à l’article Samir Dilou : La proposition de Béji Caïd Essebssi est originale