M. Mustapha Ben Jaâfar, fondateur du parti Ettakatol et président de l’Assemblée nationale constituante (ANC), a répondu aux questions de notre confrère La Presse de Tunisie.
Interrogé sur la décision du mouvement Ennahdha de maintenir l’article premier dans l’élaboration de la nouvelle Constitution, le président de l’ANC répond : « Certains peuvent toujours estimer qu’elle est tardive. Ce n’est pas mon avis. Je trouve au contraire qu’elle vient à temps dans la mesure où le débat a pris une tournure qui commençait à être malsaine. Donc, je crois que cette position est venue au bon moment pour nous ramener à l’essentiel…
Sur la durée de la rédaction de la Constitution, Mustapha Ben Jaafer déclare: « Aujourd’hui, les choses évoluent dans le bon sens. Personnellement, cela ne peut que conforter mon optimisme. C’est que, plus on lève les obstacles, plus on s’approche du but. Et je crois qu’il est plus raisonnable aujourd’hui de concevoir que la Constitution soit adoptée vers la fin de l’année 2012. Par conséquent, il nous ne restera plus alors qu’à organiser les élections. »
Concernant l’agenda des prochaines échéances politiques et électorales, le président de l’Assemblée constituante persiste à dire : j’attire l’attention sur le fait que notre sort est entre nos mains. Et monsieur le chef du gouvernement, évidemment, a tout à fait raison de prévoir et de compter plus large. La maîtrise de la cadence est bien entre les mains de l’Assemblée nationale constituante et des députés. Il est donc clair que sur cette question-là, nous avons un pouvoir absolu.
Interrogé ensuite sur les événements survenus dimanche sur l’avenue Habib Bourguiba comme les incitations à la violence et à la haine proférées par les salafistes contre les artistes, Mustapha Ben Jaafar a tenté de rassurer les Tunisiens. « J’ai toujours appelé et j’appelle encore le gouvernement à être beaucoup plus ferme pour contrecarrer tous les dérapages, toutes les violences et tous les excès de quelque partie que ce soit et quelles que soient leurs modalités. Il y a certes des violences physiques condamnables par définition, mais il y a aussi des violences verbales qui font parfois plus mal que les violences physiques.
Quant au rôle de l’UGTT dans le processus démocratique actuel, le président de l’Assemblée constituante déclare : Aujourd’hui, évidemment, l’UGTT, c’est le principal syndicat. Elle fonctionne comme une centrale dans le cadre d’un pluralisme syndical, ce qui va probablement gêner un peu son action, mais aussi la forcer à une certaine maturité, dans la mesure où le pluralisme introduit le phénomène de compétition qui va l’obliger à affiner ses revendications, à travailler d’une manière beaucoup plus scientifique et plus moderne et donc à avoir un apport probablement plus important en matière de propositions dans ses négociations avec le gouvernement.
A la fin de l’interview, Mustapha Ben Jaafar tient à affirmer que : cette révolution est une chance unique. On peut en profiter pour construire une belle Tunisie sur du solide. Sinon, on va faire du rafistolage, balancer entre la rénovation et le conservatisme. Et je crois qu’on ne le dira jamais assez, le principal danger qui guette la révolution tunisienne, c’est le retour en arrière. Ce risque existe bien sûr. Toutes les expériences de transition démocratique l’ont prouvé. Et ce risque existera encore pendant quelques années car on peut se débarrasser d’un dictateur, mais la réforme du système nécessite beaucoup de temps, de vigilance et beaucoup d’honnêteté intellectuelle.
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