A l’université de La Manouba, on abaisse le drapeau national et on hisse le drapeau des salafistes!

Les salafistes puisent-ils leur force dans le silence des autorités publiques face à leurs nombreux dépassements? Est-ce une manière de nous dire “adhérez à Ennahdha, elle est beaucoup plus modérée que les autres courants islamistes extrémistes”? Du style “Chidd mchoumik, layjik ma Achwem”, (Acceptes ceux que tu as devant toi car tu risques d’avoir pire) parce que c’est ce que nous inspire ce laxisme, avec tous nos respects pour les sympathisants du parti au pouvoir ou les convaincus qui soutiennent ses principes et ses valeurs.

Car oser abaisser le drapeau national d’une institution publique pour y arborer l’étendard noir, il faut le faire dans un pays soucieux encore d’exercer sa souveraineté sur son territoire. Pourtant, aujourd’hui, on l’a fait à l’Université de la Manouba. A R.C, journaliste scandalisée, le salafiste rétorque “Il n’y aura plus de drapeau rouge et blanc, seul notre drapeau, celui de la Oumma devrait être hissé aujourd’hui!”.

“Nous sommes face à Ben Laden, comment pourrons-nous nous défendre contre ces guerriers d’un autre temps qui ont osé humilier le drapeau national?”, a déclaré un professeur à l’Institut de presse. Cela ne s’est jamais fait dans notre pays, même avant lorsqu’il y avait des conflits entre des étudiants et les forces de l’ordre, on n’a jamais touché à notre drapeau!”.

Relatant les faits, la journaliste, peinée, s’écria “Tounes mchet” (Nous sommes en train de perdre notre pays). Même si sa réaction est dictée par l’émotion de voir le symbole de la patrie maltraité, il est quand même étonnant que ces jeunes agissent avec autant de sérénité en faisant fi des règles élémentaires de bienséance et de respect des institutions publiques.

Pire, les étudiants de la Faculté des lettres qui avaient de nouveau hissé le drapeau national ont été attaqués par les extrémistes alors qu’ils faisaient une marche en direction du ministère de l’Enseignement supérieur pour inviter les autorités à les protéger.

Cela a commencé lorsqu’une étudiante de l’IPSI a pris à partie un salafiste dans une discussion qui a viré très rapidement au vinaigre entre salafistes et étudiants de l’UGET. Ceux-ci attaqués se sont enfuis dans les locaux de l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information fuyant les salafistes qui étaient armés de couteaux, de chaînes ainsi que de barres de fer. Les incidents qui ont eu lieux à l’intérieur de l’IPSI ont poussé le conseil scientifique à reporter sa réunion dont l’ordre du jour portait sur les examens du premier semestre.

La proclamation des résultats aura cependant lieu la semaine prochaine.

A.B.A

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