Tunisie : Polémique à propos de la pièce chorégraphique “Fausse couche”

A la suite de la polémique suscitée par le titre en langue arabe du spectacle chorégraphique “Fausse couche” (alhakom Attakathor) de Néjib Khalfallah, la direction du Théâtre National Tunisien a souligné, dans un communiqué, que cette “oeuvre artistique n’a visé d’une aucune manière la question religieuse, ni au niveau du mot ni au celui du jeu d’acteurs”.

Selon le communiqué dont l’agence TAP a eu une copie, la direction du TNT estime que cette polémique “est une tentative odieuse et planifiée pour faire échouer un projet artistique moderne et progressiste allant à l’encontre d’une pensée réactionnaire qui se cache sous couvert du religieux et du sacré”.

La direction du Théâtre national dirigé par Fadhel Jaibi, a fait part de “son entière disposition à lutter avec tous les moyes contre toute forme d’intimidation” appelant dans ce contexte les organisations, la société civile, les syndicats, les artistes et la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) à faire preuve de solidarité avec le TNT face à cette “campagne qui vise à faire la mainmise sur la scène culturelle en général”.

Le 16 février dernier, la direction du théâtre national a reçu une mise en garde du Conseil syndical national des imams et cadres des mosquées affilié à l’Organisation tunisienne du travail l’appelant à retirer l’affiche de la pièce chorégraphique qui, selon le texte de cettte mise en garde comprend dans la version du titre en arabe une partie d’un verset coranique “At-Takathur” considérant que “le coran sacré est une ligne rouge”.

A la suite de cette polémique, le metteur en scène de la pièce Nejib Khalfallah a annoncé que le titre en arabe sera changé en gardant cependant le titre en français “fausse couche”.

Pour rappel, la première de la création chorégraphique “Fausse couche” a été donnée le 11 février 2017 à la salle 4ème art à Tunis.
Interprétée par Mariem Bouajaja, Emna Mouelhi, Senda Jebali, Wafa Thebti, Marwen Rouine, Wael Marghni, Bedis Hachech et Nejib Khalfallah, cette création décline la course effrénée pour le pouvoir et les discordes entre politiciens tout en oubliant les préoccupations réelles et profondes du citoyen.

L’idée de cette oeuvre émane du paysage de violence et de la prolifération du fléau du terrorisme en Tunisie au moment où aucun responsable n’essaie de trouver des solutions aux problèmes des citoyens et n’ose même pas à démissionner face à son échec à se mettre, chacun de sa position, au service du peuple.

D’une durée de 70 minutes, la pièce se présente en fait comme un miroir de la société en transition, une chronique des espoirs avortés, une course au butin, discorde, fuite en avant et arrivisme ayant pris le pas sur la citoyenneté, l’intérêt commun, l’essor du pays. D’une gestuelle fluide, positive vers l’expression de la destruction, de l’angoisse, de la lutte pour la survie.