Trois ans après la révolution, la présence en politique des jeunes tunisiens reste limitée ; ils continuent de faire face à des niveaux élevés de chômage et ne sont toujours pas systématiquement consultés sur les questions clés les affectant directement. Un nouveau rapport de la Banque mondiale et du Centre pour l’intégration en Méditerranée identifie la source des obstacles perpétuels qui entravent leurs droits et offre des suggestions sur l’approche holistique nécessaire pour les surmonter.
Le rapport : « Surmonter les obstacles à l’intégration des jeunes » offre une analyse complète des obstacles sociaux, économiques, politiques et culturels rencontrés par les jeunes tunisiens. Le rapport s’appuie sur des données quantitatives à partir des résultats de l’enquête, d’une recherche qualitative approfondie, et des consultations directes avec les jeunes, les prestataires de services concernés et les décideurs afin d’identifier les causes profondes et les niveaux de l’inactivité généralisée des jeunes. Cette analyse est combinée avec un examen des programmes internationaux à succès sur l’emploi des jeunes, ce qui a conduit à une série de propositions pour de nouvelles politiques et approches axées sur les jeunes pour la Tunisie.
« L’intégration des jeunes est un thème central de l’agenda du développement », a déclaré M. Simon Gray, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb. « Depuis le printemps arabe, les jeunes ont façonné les politiques sociales et économiques ainsi que les normes et les valeurs sociales difficiles. Ce rapport nous fournit des analyses solides pour nous permettre de s’engager sur la meilleure façon de soutenir les jeunes dans la réalisation de leur plein potentiel ; que ce soit dans le marché du travail, ou dans la vie politique et économique. Nous espérons que les parties concernées vont utiliser le rapport comme une feuille de route. »
Le rapport démontre que bien que la citoyenneté active et la participation civique chez les jeunes tunisiens soit essentielle pour maintenir la dynamique socio-économique positive et la stabilité politique du pays, il s’avère que très peu d’entre eux se livrent à une quelconque forme de participation politique, à l’exception des mobilisations pour les démonstrations. En fait, l’activisme des jeunes se fait de manière ad hoc, en dehors des institutions civiles et politiques formellement établies, et avec les médias sociaux comme outil de mobilisation.
Le rapport offre également une analyse des aspirations et besoins des jeunes tunisiens, en tenant compte à la fois des mesures économiques et non économiques de l’exclusion, qui sont à l’origine de la révolution. En-dehors du chômage, le rapport révèle également un niveau élevé de découragement chez les jeunes. Le nombre total de jeunes âgés de 15 à 29 ans qui ne sont « pas dans un système éducatif, sans emploi ou ni en formation » est estimé à 33 %, l’un des taux les plus élevés de la région. Parmi les sources de ce découragement, il y a les conditions du marché du travail, la mauvaise qualité de l’éducation, les disparités régionales et les préjugés sexistes en vigueur, pour n’en nommer que quelques-uns.
« La révolution a donné aux jeunes tunisiens un aperçu des possibilités », a déclaré Mme Gloria La Cava, spécialiste senior en sciences sociales à la Banque mondiale et auteur principale du rapport. « La tâche de construire un nouvel avenir reste un objectif qui ne pourra être atteint par seuls les jeunes. Davantage d’efforts sont nécessaires pour réunir toutes les parties prenantes. Il s’agit notamment des prestataires publics et privés de l’éducation, la société civile, les décideurs et administrateurs du secteur public, les employeurs du secteur privé, le secteur émergent des ONG impliquées dans le domaine de l’emploi des jeunes, les autorités locales et surtout, les jeunes tunisiens.»
Avec une nouvelle constitution qui reconnaît « la jeunesse comme une force motrice dans la construction de la nation », il y a de l’espoir pour un meilleur avenir pour les jeunes tunisiens. Le cadre proposé dans le rapport traite de la façon dont l’aspect économique, social, politique, et les dimensions culturelles doivent être abordés simultanément pour développer des solutions. Celles-ci devraient aider les jeunes tunisiens à croire à nouveau en leur avenir en leur permettant de profiter des avantages d’une éducation de qualité, de trouver un emploi valorisant ou de lancer une entreprise, de faire entendre leur voix et de participer activement à la société civile et politique aux niveaux local, régional et national.
Le 2 octobre 2014
Rapport de la Banque Mondiale