“Dakhalat el Bac sport” entre revendications identitaires et préoccupations adolescentes

Les élèves du terminal, qui viennent d’achever, mercredi, les épreuves du bac blanc et sont en pleine période de révision à l’approche de la session principale du Baccalauréat dont le démarrage est prévu le 4 juin 2014, ont, déjà, vécu un avant-goût de cet important examen national avec l’épreuve d’éducation physique et sportive qui s’est étalée du 21 avril au 3 mai 2014.

Depuis quelques années, cette épreuve est accompagnée d’un véritable show conçu et orchestré, dans son intégralité, par les élèves du bac de tous les lycées de la république.

Dans chaque établissement, on assiste à la mise en scène d’un spectacle original (spécifiquement tunisien) où s’entremêlent musique, chants, pulls personnalisés, voiles ou maquettes ainsi que des drapeaux. C’est une nouvelle manière créée par ces jeunes pour dire adieu à la vie de lycéens. Le phénomène a commencé en 2004, avec l’introduction de la section sport. Inspirée de la culture des stades et des ultras, “dakhlat el bac sport” est devenue depuis la révolution un véritable spectacle. Face à l’interdiction faites aux ultras de faire le show dans les stades pour des raisons sécuritaires, la manifestation a acquis depuis 2011 un caractère singulier et impressionnant.

La fierté et la solidarité, mots clés de Dakhlat el bac sport au lycée El menzeh 6

Mercredi 7 mai 2014 (date de démarrage du bac blanc), à la sortie du lycée El Menzah 6, un des premiers lycées à avoir instauré cette nouvelle tradition, avec l’utilisation du craquage des flammes en 2008, un groupe d’élèves, candidats au bac, ont accouru de toutes parts dès qu’ils avaient su qu’il s’agissait d’un reportage sur “dakhlat el bac sport”. Les paroles se succédaient et s’entrecoupaient avec engouement et fierté. Ils ont affirmé que leur lycée, situé dans un quartier résidentiel de la capitale, s’est illustré, cette année, par une “dakhla” gigantesque et l’affichage d’un voile portant un regard acerbe et critique de la réalité politique du pays, créant ainsi le buzz dans les réseaux sociaux.

La maquette de cette année représente le président du mouvement Ennahdha en train de faire fonctionner des marionnettes symbolisant des intégristes et le président de la République prononcer une allocution incompréhensible devant un peuple hébété. D’autres “voiles” levés portant le message “loin des yeux prés du coeur”, sont un hommage aux amis et professeurs décédés.

“Le budget des flammes étaient de 20 mille dinars cette année, pour la journée de la dakhlat on a allumé 500 flammes” crie un bachelier avec enthousiasme. “On a rendu hommage à notre ami karim mort dans un accident de voiture en affichant son portrait”, dit Aziz Hachad avec amertume, ajoutant que “le record du nombre des flammes ne veux pas dire qu’on est les plus riches mais qu’on est solidaire, on a tous cotisé pour réussir le spectacle.