Tunisie : Nouvel ouvrage sur l’histoire de la migration trans-méditerranéenne

L’immigration tunisienne dans les Alpes- Maritimes de 1956 à 1984 à travers ses réalités humaines, économiques et sociales est le thème central d’un nouvel ouvrage qui vient de paraître aux Editions l’Harmattan “Des Tunisiens dans les Alpes- Maritimes: une histoire locale et nationale de la migration transméditerranéenne”. 

L’auteur Nadhem Yousfi, historien et enseignant à l’institut préparatoire aux Etudes littéraires et sciences humaines à Tunis (université de Tunis), traite l’approche de ce phénomène, à l’échelle locale mais sur une durée de trois décennies. L’auteur s’intéresse aux phases migratoires, à l’évolution socio-démographique, aux interventions étatiques des pays concernés pour maîtriser les flux, mécanismes de regroupement sociologique, stratégies des filières migratoires, et constitution progressive d’une colonie étrangère sur le territoire français.

En quoi les conjonctures socio-économiques de part et d’autre de la Méditerranée, comme l’importance des liens de solidarité familiale, locale et nationale, peuvent-elles expliquer la dynamique et la “spontanéité” du phénomène ? Comment cette migration a-t-elle dépassé et transcendé les canaux officiels, aussi bien en Tunisie qu’en France ?

Pour répondre à ces questionnements, l’auteur s’est intéressé au contexte général et régional dans lequel s’inscrit la migration, aux facteurs contraignant ou favorisant ce mouvement entre les deux pays, mais aussi aux capacités, aux motivations et aux discours des “acteurs” qui ont réussi, par leurs actions individuelles et collectives, à influer sur certains paramètres du contexte. Car bien que les pouvoirs publics élaborent des cadres législatifs pour maîtriser les flux migratoires, ces dispositifs se révèlent inadaptés et se réduisent à accompagner les déplacements humains.

L’étude de l’insertion urbaine, économique et sociale de cette migration dans les Alpes-Maritimes, montre également comment la structure sociale régie par des affinités familiales, claniques, locales et nationales permet de solutionner les problèmes structurels de logement et de surmonter les difficultés conjoncturelles de l’emploi.

Analysant la genèse et l’histoire de l’immigration tunisienne en France, l’auteur s’arrête sur trois phases: “Le déclenchement” (1956-1962), “l’apogée” (1963-1973) et “l’arrêt des entrées” (1974-1984). Dans le chapitre “Une immigration “spontanée” entre régulation et clandestinité, il étudie les dispositifs spécifiques de régulation migratoire. Selon lui, l’année 1972 avait connu les premiers refoulements des migrants “spontanés” devenus “irréguliers”.

Décortiquant le rôle des solidarités sociales dans la dynamique migratoire, s’agissant notamment de la prédominance du réseau familial et du recrutement local, l’auteur se penche également sur l’examen du phénomène de l’insertion sociale française et des mariages mixtes.