Noureddine El Khademi, notre ministre des Affaires religieuses, s’exprime comme un musicien du Hard Rock qui joue d’une guitare métal. Faute de musique, c’est son discours qui se distingue par un usage intensif de distorsion. Des fois, il est conciliant, d’autres très fréquemment, agressif et menaçant…
Rares sont les fois où il est en rythme avec les mœurs de l’islam paisible et tolérant d’une Tunisie culturellement conservatrice et profondément attachée à sa religion. Cet imam, qui a exercé du temps de l’ancien régime et qui a travaillé en tant que chercheur auprès de l’ALECSO comme si on pouvait le faire sans la bénédiction du pouvoir Ben Ali a enseigné l’islam et la chariaa dans diverses universités tunisiennes et saoudiennes. D’où, peut être une certaine imprégnation d’un islam pro-wahhabite.
Le ministre ne cache pas son engouement pour les écoles coraniques, qui rappellent, celles pakistanaises, et qui ont proliféré après le 14 janvier se substituant aux cellules du RCD. Sièges occupés avec la bénédiction du ministre des Domaines de l’Etat, et suppléant aux kottabs traditionnellement privilégiés par les Tunisiens.
Très prudent dans ses déclarations à propos des discours virulents et violents tenues dans les mosquées, il tient à préserver ses relations avec les extrémistes : « nos enfants qu’il s’agit de récupérer avec douceur et compréhension » Il dira aussi : «La question du salafisme est complexe et ne peut être résolue par des mesures sécuritaires imposées et hâtives»… Ce qui ne l’empêche pas de déclarer à ce même propos que l’instrumentalisation des mosquées est une ligne rouge à ne pas franchir tout en rappelant que les islamistes en Tunisie, ont été très longtemps marginalisés… Eh, oui avec Noureddine El Khademi, on ne peut pas savoir sur quel pied danser…
Ce ministre a gardé son poste dans le nouveau gouvernement et dans un ministère revêtant pour le parti Nahdha la même importance que celle des ministères de souveraineté. Rappelons à ce propos que l’une des conditions de la Nahdha lorsque Jebali a voulu révolutionner le gouvernement était que le ministère des Affaires religieuses fasse partie de son lot…Il faut dire que dans presque toutes les mosquées, la Nahdha a la chance, comme l’avait assuré un ministre algérien aux années 90 en pleine guerre civile, de tenir 5 assemblées générales par jour et un congrès par semaine…
El Khademi qui encourage la formation des récitateurs, mémorisateurs, imams et prêcheurs de mosquées s’oppose à la convention internationale CEDAW portant élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Car, d’après lui, si la Tunisie la signait, sa souveraineté serait menacée. Ce n’est bien sûr pas le cas lorsque des prédicateurs wahhabites viennent dans notre pays plaider la cause de l’excision et sensibiliser notre jeunesse aux avantages du Nikab chez les toutes petites filles. Cela correspondrait mieux à la culture ambiante en Tunisie…Tout comme la création d’un fonds pour le mariage qui sera financé par les recettes de la « Zakat » alors que nous n’arrivons même pas à assurer au niveau de la caisse de sécurité sociale… Dans sa grande clémence, notre ministre se soucie de l’équilibre psychique et biologique de ses ouailles : « Selon les us et les coutumes, une personne est censée se marier tôt »…
Surnommé imam du Djihad pour avoir appelé à rompre toute relation avec Israël et appelé au djihad pour la libération de la Cisjordanie, il n’aurait apparemment pas été écouté par ses disciples qui font leur Djihad en Syrie au lieu de le faire en Palestine occupée. Et dans sa ferveur religieuse, Khademi aurait même signé un accord pour la «sensibilisation des prisonniers à la religion» avec l’ancien ministre de la justice, Noureddine Bhiri…Une place au paradis, cela mérite autant d’efforts, n’est ce pas ?
Par contre, nous n’avons pas entendu beaucoup de fois Noureddine Khademi, plaider pour un islam ouvert, tolérant, clément, charitable et bienfaisant ainsi que pour l’unité nationale et la condamnation des fatwas insensées… Ce qu’il pourrait faire, lui, chef d’un département, dont le nouveau siège a coûté au pays en temps de crise la bagatelle de à 5, 3 millions de dinars, et qui a pour responsabilité de conseiller et orienter les imams dans leurs prêches…
En fait, combien d’emplois a créé M.Khademi ? Et a-t-il réussi à venir à bout d’une partie, une toute petite partie des problèmes socio-économiques de la Tunisie ? Parce qu’au train où vont les choses, le seul phénomène qui progresse dans ce pays est celui des viols ! Encore une manœuvre de diversion???
La suite, bientôt
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