Tunisie – Politique – Rapprochement Ennahdha-Nida Tounes : Est-ce un scénario impossible?

Un journal de la place avait, il y a quelques semaines, titré sa Une’’ «Idha iltaka Al Chaikhane, hadhara Al Chaitane» (Quand les deux patriarches se rencontrent, le diable est de la partie). Par les deux patriarches, le journal désignait le président de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebssi, et celui du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi.

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Un titre évocateur et intriguant car pourquoi faire croire aux lecteurs que de simples retrouvailles entre les deux leaders des partis les plus importants sur la scène politique tunisienne, aujourd’hui, pourraient aboutir à des plans machiavéliques… ?

D’autant plus que cela faisait des mois que Ghannouchi et Essebssi se livraient une guerre sans merci via médias interposés et annonces fracassantes. A commencer par la déclaration du n°1 Ennahdha et qui avait soulevé un tollé sur Shems FM en attestant: «Nidaa Tounes est plus dangereux que les salafistes… Nidaa Tounes est un mélange qui n’a pas encore pris forme» …

Ce à quoi réagissait BCE par des traits d’humour, des railleries et des critiques pertinentes visant à ridiculiser les rivaux politiques… Depuis, les choses ont, semble-t-il, évolué de manière plus consensuelle…

L’ancien Premier ministre qui ne rate pas une occasion de rappeler que le parti Ennahdha est incontournable et presque indispensable dans la vie politique du pays, a tout récemment déclaré: «Je n’ai rien contre Rached Ghannouchi si ce n’est des différends politiques».

Rached Ghannouchi, pour sa part, aurait, semble-t-il, levé la malédiction qu’il avait auparavant jeté sur Nidaa Tounes, en affirmant mercredi 9 janvier, après une discussion avec le président Marzouki, ne pas être pour l’exclusion y compris celle du Nidaa.

Pas plus tard que mercredi 30 janvier, Nejib Chebbi affirmait lors d’une émission diffusée sur Hannibal TV: «J’ai discuté avec Ghannouchi, il n’a rien contre une rencontre avec Béji Caïd Essebssi».

Après un flottement de positions qui a varié entre le chaud et le froid rappelant la chanson de Serges Gainsbourg «Je t’aime… moi non plus…», voici arrivés les temps des négociations et des tractations. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis…

Aux longues surenchères de part et d’autre, a succédé une trêve,  un accord de paix est-il en vu? Et si c’est le cas quels en seraient les enjeux? Les hauts intérêts de la Tunisie?

Un scénario fictif pour une entente souhaitée ?

Si l’on devait imaginer un scénario impossible mais plausible, pourquoi pas une alliance Ennahdha/Nidaa Tounes concoctée brillamment par les deux vénérables Cheikhs?

Une alliance qui pourrait offrir au Cheikh Ghannouchi l’occasion de se débarrasser de Hamadi Jebali, chef du gouvernement, montrant de plus en plus publiquement des velléités d’indépendance, ce qui relève de l’anathème dans un parti où l’on embrasse à ce jour la main du Cheikh en signe de déférence…