Tunisie – Ettounisia TV : N’a-t-on pas vraiment touché le fond?

Il s’agit certes d’une caméra cachée. Mais c’était sans doute trop. Heureusement, serait-on tenté de dire, que le ridicule ne tue pas.

La scène s’est déroulée lundi 23 juillet 2012 sur une chaîne de télévision tunisienne à une heure –faut-il le rappeler, en ce mois de Ramadan- de très grande écoute. L’invité d’une caméra cachée, «Le crocodile», Brahim Gassas, député d’Al Aridha Achâbya (La pétition Populaire), est pris au piège dans un ascenseur, au sortir duquel se dresse un crocodile, en cher et en os, tenue en laisse par un pseudo ressortissant d’un pays de l’Afrique sub-saharienne.

Après avoir longuement «négocié» avec ce dernier une sortie honorable dudit ascenseur, Brahim Gassas s’énerve, cite à tort et à travers les premiers responsables de l’Etat, demande à l’hôte africain de «dégager» et sort un couteau en menaçant d’égorger l’animal.

Dans l’entretien qui suit la scène, le député soutient qu’il a toujours porté sur lui un couteau. Si la scène a fait rigoler plus d’un, elle ne peut empêcher de choquer. Et de se demander lorsqu’elle est à rapprocher d’autres scènes du niveau auquel est sans doute tombé le pays.

Peut-on accepter qu’un député de la République porte sur lui un couteau? Peut-on accepter, même s’il s’agit d’une caméra cachée, donc d’un gag, qu’il porte une arme blanche?

Le mauvais exemple

Peut-on accepter qu’un député s’exprime aussi mal en français? Certes, le français est une langue étrangère, mais elle est enseignée à partir des premières années du primaire.

Il faut dire qu’il y a environ un mois un haut responsable avait, en la matière, donné, dans une interview à une grande chaîne de télévision étrangère, le mauvais exemple.

Il faut dire que le niveau atteint par quelques débats au sein de la Constituante et même en dehors, sur les plateaux de télévision par exemple, n’a rien à envier en matière de «prestige de l’Etat et des institutions». Même un propos peu amène a été proféré et entendu lorsque le nom d’un membre de la Constituante a été déformé pour donner lieu à une expression qui ne fait pas honneur à celui qui l’a prononcé.

Le mal est que certains acceptent que des représentants des instances de l’Etat soient présentés dans des accoutrements qui nuisent à leur image et à ceux de la Tunisie.

Qui aurait cru que la Tunisie post-révolutionnaire pouvait toucher ainsi le fond?

M.F.

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