Le monde juridique et institutionnel tunisien est en deuil. Chawki Gaddes, juriste émérite et ancien président de l’Instance nationale de protection des données personnelles (INPDP), est décédé ce vendredi 4 juillet 2024, à l’âge de 58 ans. Figure respectée du droit public tunisien, il a consacré sa vie à la défense des libertés individuelles et à la consolidation de l’État de droit.
Né en 1966, Chawki Gaddes a grandi entre Bizerte et Tunis. Élève du prestigieux Collège Sadiki, il se passionne très tôt pour les enjeux juridiques et s’oriente vers des études en droit public à la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis, où il obtient sa licence puis un DEA. Il poursuit sa formation à l’Académie internationale de droit constitutionnel, y développant une pensée juridique profondément ancrée dans les principes démocratiques.
Dès 1988, il embrasse une carrière universitaire à l’Université de Carthage, où il marque des générations d’étudiants par son enseignement pointu sur le droit des technologies, la protection des données personnelles et l’accès à l’information. Rigoureux, pédagogue, discret mais toujours engagé, il est unanimement reconnu pour son intégrité et son sens de l’intérêt général.
Son engagement dépasse le cadre académique. Après la révolution de 2011, Chawki Gaddes joue un rôle majeur dans la refondation institutionnelle de la Tunisie. Il participe à la rédaction de la Constitution de 2014, collabore avec l’ISIE, et s’implique activement dans la mise en place des lois électorales locales et du Code de la décentralisation.
Mais c’est à la tête de l’INPDP, fonction qu’il occupe de 2015 jusqu’à sa disparition, que son empreinte devient indélébile. Sous son impulsion, la Tunisie adhère à la Convention 108 du Conseil de l’Europe sur la protection des données, puis à sa version modernisée (Convention 108+). Il initie également un projet de loi aligné sur les standards du RGPD européen, ouvrant la voie à une régulation plus efficace des données personnelles dans un monde numérique en constante évolution.
En 2021, il est élu président de l’Association francophone des autorités de protection des données personnelles (AFAPDP), confirmant son influence au niveau régional et son engagement en faveur des droits numériques et de la cybersécurité.
Son épouse, la professeure de droit Salwa Hamrouni, a annoncé son décès dans un message empreint de douleur et de recueillement.
Chawki Gaddes laisse derrière lui son épouse Salwa, ses deux enfants Youssef et Fatma, sa mère Mongia Ben Mansour, sa belle-mère Fatma Ghorch, ainsi qu’une famille élargie profondément attristée. Ses proches ont partagé leur immense chagrin dans un avis funèbre, saluant la mémoire d’un homme d’exception.
L’enterrement aura lieu ce samedi 5 juillet au cimetière de Soliman, après la prière d’el Asr à la grande mosquée de la ville. Le cortège funèbre quittera son domicile à Résidence Ichbilia, à Ryadh el Andalous, à 14h.
Puisse Dieu lui accorder Sa miséricorde infinie et l’accueillir dans Son éternel paradis.