La Coalition tunisienne contre la peine de mort (CTCPM) a mis en garde contre les sérieux risques d’une instrumentalisation politique de l’affaire de l’assassinat de Belaïd, dans le dessein de « normaliser » avec la peine capitale, et partant, la réactiver à nouveau.
La position de la coalition tunisienne survient quelques heures après le verdict rendu en première instance dans l’affaire de l’assassinat du militant politique Chokri Belaïd dans lequel quatre accusés ont écopé de la peine de mort.
Dans une déclaration publiée, mercredi, la coalition s’est dite frontalement opposée à la loi antiterroriste de 2015, notamment ses dispositions régissant la question de la peine de mort, soulignant que le verdict prononcé après 11 ans procède d’une justice tunisienne encore « titubante » en mal de pouvoir éclater la vérité, toute la vérité.
Une telle justice, ajoute la déclaration, s’est contentée de condamner simples commis d’exécution, alors que les vrais commanditaires et les responsables de l’incitation à la planification, et à la dissimulation de la commission de ce crime, sont encore en cavale.
Bien plus, regrette la coalition, la justice tunisienne a évité de se prononcer sur l’identité des parties étrangères ou de démasquer les « connexions régionales et internationales » en relation avec cette affaire.
La coalition tunisienne contre la peine de mort estime par ailleurs que l’éradication de la menace terroriste takfiriste est une œuvre de longue haleine qui nécessite impérativement de s’attaquer aux origines et aux causes politiques, économiques, culturelles, éducatives et psychologiques ayant conduit à la genèse et à la montée en puissance de ce phénomène.
A ce titre, elle a vivement dénoncé le recours à l’approche sécuritaire « tronquée » qui appréhende la menace terroriste au seul prisme de la répression policière ou à travers la normalisation avec les pratiques de violence physique et morale à l’encontre des personnes.
Pour la coalition tunisienne, ajoute la déclaration, prétendre enrayer la menace terroriste par le biais de l’approche sécuritaire ou l’adoption de la peine de mort n’est autre qu’un « leurre d’esprit » et une « allégation délétère ».
Face aux « pseudo-solutions » proposées par le passé en vue d’éradiquer la menace terroriste, la coalition propose en contrepartie une démarche tous azimuts, plus consciencieuse et réfléchie qui s’attaque au substrat idéologique et politico-intellectuel sous-tendant la structure tentaculaire de la nébuleuse jihadiste en Tunisie qui a réussi à commettre des assassinats politiques dans le pays et a envoyer les jeunes tunisiens vers le foyers de tension.