Les plaidoiries des avocats des accusés dans l’affaire de l’assassinat de l’avocat et leader de gauche Chokri Belaïd se poursuivront mardi prochain.
C’est ce qu’a décidé la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme du Tribunal de première instance de Tunis lors de l’audience du procès de l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, qui s’est tenue ce vendredi.
L’audience de ce vendredi a été consacrée aux plaidoiries du collectif de défense du martyr Chokri Belaïd.
Après la plaidoirie de la défense, la présidente de la chambre a invité l’avocat des accusés, Me Anouar Ouled Ali, à prendre la parole. Ce dernier a demandé le report de l’audience pour prendre connaissance des demandes formulées par la partie civile, à savoir le Parti des patriotes démocrates unifié (PPDU), l’Union générale tunisienne du Travail (UGTT), le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDS) et l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD).
Dans leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont insisté sur “l’impératif de révéler la vérité entière” sur cet assassinat et de fournir “des réponses aux questions restées en suspens jusqu’ici”, au sujet notamment de l’identité des commanditaires et des auteurs du meurtre.
L’assassinat de Chokri Belaïd est “un crime politique par excellence”, ont-ils dit, perpétré par une “organisation religieuse et politique radicale”. “Un crime qui a ciblé une personnalité politique et un avocat réputé pour être un fervent défenseur des libertés publiques et individuelles et des justes causes”.
Les avocats de la défense ont appelé à condamner l’extrémisme et à poursuivre en justice quiconque porte atteinte au pays en s’attaquant à “son identité et ses acquis” et en menaçant “l’avenir des générations futures”.
Il ont, en outre, expliqué que la principale raison derrière la décision de l’assassinat des martyrs Chokri Belaid et Mohamed Brahmi est le fait que ces derniers s’opposaient ouvertement à “l’autonomisation des groupes islamistes” et défendaient “l’unité et la civilité de l’Etat”.
Me Imen Gzara, membre du collectif de défense, a rappelé, dans sa plaidoirie, que “les 23 accusés dans cette affaire font tous partie de l’organisation Daech” dont certains ont prêté allégeance au groupe islamiste, se sont exercés au maniement d’armes ou encore exécutaient les ordres des dirigeants de Daech.
Ils se divisent en cinq groupes: Le Kram, Cité El Khadhra, Raoued, El Mnihla et Sidi Hassine, selon l’avocate.
Pour sa part, l’avocat Ghassan Ghribi a indiqué que les auditions ont révélé que Chokri Belaid était traqué dans le but d’être assassiné.
Il avait reçu, à plusieurs occasions, des menaces, a-t-il précisé, rappelant que le ministre de l’Intérieur de l’époque, Ali Laârayedh, a tenu Belaid pour responsable du “chaos et des protestations sociales à cause de son discours qui incitait à la haine”.
De son côté, Koutheir Bouallègue, membre du collectif de défense de Belaid, a fait état des “formes d’abus subies par le collectif, les violations et les dépassements ayant entaché le dossier ainsi que les tentatives effrénées d’étouffer l’affaire de l’assassinat du martyr Chokri Belaid”.
La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme au Tribunal de première instance de Tunis a clôturé, vendredi dernier, les auditions de l’accusé Mohamed Amin Guesmi qui avait transporté Kamel Guadhgadhi à bord d’une moto, après l’exécution de l’assassinat.