Un groupe de détenus politiques dans l’affaire du “complot contre la sécurité de l’État” ont adressé une lettre ouverte à l’Union générale tunisienne du travail et aux organisations nationales lauréates du prix Nobel de la paix, connues sous le nom de “Quartet national”, demandant aux dirigeants de ces organisations de assumer leurs responsabilités “face aux principes qui leur ont été confiés” et de “lever la voix contre l’injustice et la persécution dont sont victimes de nombreux Tunisiens, avocats, syndicalistes, hommes d’affaires et politiciens”.
Les signataires de la lettre, à savoir Réda Belhaj, Jouhar Ben Mbarek, Ghazi Chaouchi, Kheyam Turki et Oussama Chafi, ont déclaré qu’ils attendaient de la direction du “Quartet national” une position ferme face aux “circonstances dans lesquelles le pays connaît un glissement dangereux vers une politique de muselage des voix, de fabrication de charges, de facilité d’emprisonnement et de mépris de la liberté individuelle”, partant du principe que la liberté et la dignité des Tunisiens et des Tunisiennes font partie du rôle de ces organisations et qu’elles sont “au cœur de sa responsabilité en tant que quartet hôte du dialogue national”.
La lettre indique que “les divergences de positions politiques et d’évaluations sur ce qui s’est passé le 25 juillet 2021” ne peuvent être une raison de fermer les yeux sur “l’attaque féroce contre le pouvoir judiciaire, par la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature élu, l’arrêt de plus de cinquante juges du travail et l’intimidation des juges”.
La lettre met en garde contre “la politique du silence et de la négation de la situation à laquelle le pays est arrivé et la croyance que la machine de répression et d’injustice ne touchera qu’aux adversaires politiques”, considérant que “le système, plus son incapacité à résoudre les problèmes existants s’aggrave, plus il devient féroce et intensifie les cas inventés, les renvois à l’enquête et les arrestations”.
Les détenus politiques ont également exprimé leur étonnement face au “silence face à l’injustice à laquelle ils sont exposés depuis 11 mois”, rappelant que “l’arrestation de dirigeants politiques pour le simple fait de les tourmenter et de leur couper la parole” est contraire aux choix des organisations nationales au cours de la décennie qui a précédé le 25 juillet 2021.