La présidente du parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a dit ne pas reconnaître le nouveau parlement ” usurpateur ” selon ses dires, soulignant que la bataille d’aujourd’hui oppose frontalement autorité manu militari et partisans de la légitimité historique et électorale qui attendent encore la tenue d’un scrutin législatif, présidentiel et municipal, conformément aux standards internationaux.
S’exprimant, lundi, en fin de matinée, lors d’un meeting, au palais des Congrès à Tunis, à l’occasion de la célébration du 67e anniversaire de l’indépendance, Abir Moussi n’a pas maché ses mots et a dressé un tableau sombre de la situation générale du pays.
“Nous vivons aujourd’hui dans un pays où les institutions de l’Etat sont illégitimes, où le peuple est appauvri et affaissé, où le budget est sans finances, où le paysage politique baigne dans une morosité sans précédent et où la société civile semble être robotisée”.
Bien plus, ajoute la présidente du PDL, l’autorité politique qui détient les rênes du pouvoir au lendemain du 25 juillet et qui s’est souvent targuée de porter haut le slogan de la lutte anti-corruption, n’a pas à ce jour réussi à ouvrir des dossiers sensibles, dont notamment, les marchés et les achats publics.
Pour Moussi, le président de la République hésite encore à mettre en place la Cour constitutionnelle. En cause, échapper à la redevabilité et bénéficier de la totale impunité. “Saïed représente en soi ” un danger imminent qui pèse sur l’avenir du pays “, a-t-elle averti.
C’est un homme qui n’a de cesse d’usurper les institutions, de faire office de juge et de partie à l’égard de la loi qu’il confectionne souvent lui-même, a martelé la présidente du PDL.
Moussi s’est dite contre l’exclusion des partis de la scène politique, affirmant que le président Saïed, qui s’est arrogé les pleins pouvoirs, a rédigé une loi électorale qui consacre l’autocratie et exclut de la course présidentielle même le simple fauteur électoral.
S’exprimant sur un ton alarmiste, Moussi a mis en garde contre de sérieuses tentatives visant à exacerber les tensions religieuses, à l’origine de tous les maux, selon ses dires.
Etayant son raisonnement, Moussi a prévenu contre des tentatives visant à semer la discorde entre la Tunisie et ses voisins et à attiser les conflits internes au sein du pays, faisant remarquer que la Tunisie est en proie aujourd’hui à une époque des plus moroses de son histoire.
Le mauvais souvenir de la décennie noire, des années de braise est bien encore présent, omniprésent, a regretté Moussi, réaffirmant l’engagement de son parti à poursuivre sa rude et âpre bataille sur la voie de l’instauration d’un Etat civil, libre et indépendant.
Que tout le monde sache, nous nous sommes plus disposés à présenter des excuses à quiconque même aux “marchands religieux ” qui ont sciemment mis à genoux le pays, s’est-elle exprimée sur un ton tranchant.
Revenant sur le récent coup de filet sécuritaire visant des hommes politiques impliqués dans l’affaire du complot contre la sûreté de l’Etat, Moussi a précisé que cette opération sécuritaire s’inscrit dans le cadre d’un bras de fer avec les syndicats, assurant à ce titre détenir tous les dessous du dossier.
Selon Moussi, la plupart de ceux qui entretiennent des relations controversées et présumées avec des étrangers n’ont pas été jusqu’à présent arrêtés, dénonçant à ce propos des dossiers de corruption constitués ” sur mesure ” dans le dessein d’induire en erreur le peuple tunisien.