Lancée le 3 juillet, la campagne électorale pour le référendum sur le projet de constitution de la République tunisienne devra s’achever demain samedi. Le 25 juillet, les Tunisiens sont appelés à voter pour ou contre le projet de réforme de la Constitution qui devrait mettre fin au système parlementaire, en place depuis 2014.
De l’avis de nombreux observateurs, le rythme de la campagne a été ” faible ” par rapport aux échéances politiques précédentes.
Plus de 160 acteurs ont pris part à la campagne, dont des associations, organisations, partis et personnes physiques sur fond d’un boycott clair des plus grands partis de l’opposition, représentés au Parlement dissous.
La scène politique divisée
A ce jour, la scène politique est divisée en trois positions. La première concerne un clan qui appelle au boycott du référendum sous prétexte qu’il s’agit d’un ” coup d’Etat et d’un processus inconstitutionnel “.
Le deuxième clan comprend des participants qui soutiennent le projet de Constitution. Ils mènent leur campagne électorale pour mobiliser des voix à son profit, à l’instar du Mouvement populaire et du Courant populaire.
Le troisième clan comprend les participants à la campagne qui appellent au vote contre le projet. On y on trouve entre autres Afek Tounes, l’Union Populaire Républicaine et l’Alliance nationale tunisienne.
Le Front du Salut national arrive en tête de liste des boycotteurs du référendum, aux côtés du mouvement Ennahdha, Qalb Tounes, la Coalition Dignité, le Hirak, Citoyens contre le coup d’Etat, le mouvement Amal et Al Irada. A cela s’ajoute la coordination des partis démocratiques, qui comprend le Courant démocrate, Ettakatol, Qotb tounes et le parti Républicain.
Le Parti destourien libre (PDL) est également l’un des boycotteurs. Sa présidente Abir Moussi a affirmé à maintes reprises qu’elle ne reconnaîtra pas le referendum pour son aspect ” illégal “. Le référendum sur la nouvelle Constitution est ” nul et non avenu”, a-t-elle insisté. Pour elle, le décret présidentiel n°117 ne permet pas au président de la République de présenter une nouvelle Constitution aux Tunisiens.
De nombreuses organisations et associations ont exprimé leur rejet du projet de constitution sur le référendum dans sa première version publiée au Journal officiel, le 30 juin, ou après les modifications qui y ont été apportées le 8 juillet.
Plus de 35 associations et organisations dont le Forum tunisien des droits économiques et sociaux, la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme, le Syndicat national des journalistes tunisiens et l’Association des femmes démocrates ont annoncé dans ce cadre une mobilisation inédite et légitime pour mener des réformes constitutionnelles qui respectent la dignité des Tunisiens.
En revanche, d’autres associations et composantes de la société civile ont soutenu le nouveau projet de constitution, et appelé à voter par un ” oui ” pour faire sortir le pays de la crise.
Quant à la centrale syndicale (UGTT), elle a laissé le libre choix à ses adhérents de voter pour ou contre.
C’est ce qui ressort d’une allocution prononcée par le secrétaire général de l’Ugtt, Noureddine Taboubi qui a indiqué que ” compte tenu de la diversité qui caractérise l’Ugtt et la famille syndicale, il a été décidé de déléguer à chacun et à ceux qui partagent nos visées, la liberté de choisir et de participer au référendum ou pas “.
” Dans le projet de la nouvelle Constitution, il y a des aspects positifs, s’agissant du chapitre réservé aux droits et aux libertés, qui existait également dans la Constitution de 2014 “, a-t-il dit.
” La nouvelle Constitution comporte également des lacunes à l’instar de la concentration du pouvoir entre les mains d’une seule personne “, a-t-il dit, faisant allusion au président Kaïs Saïed.