Le président de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmadi, a estimé que la décision du président de la République, Kaïs Saïed de révoquer 57 juges est un “massacre” judiciaire, professionnel et humanitaire, et que les juges visés par le décret présidentiel n°561 ont été limogés “parce qu’ils n’ont pas obéi aux instructions et aux diktats de l’Exécutif”.
“Quarante-cinq des juges révoqués sur un effectif de 57 magistrats n’ont pas de dossier en instance devant les tribunaux et n’ont jamais fait l’objet d’un interrogatoire”, a-t-il encore précisé à l’occasion de la “journée de colère” organisée par la Coordination des structures syndicales judiciaires, jeudi, devant le siège du Tribunal de Première Instance de Tunis, en présence d’un grand nombre de magistrats et d’avocats.
Le président de l’AMT a souligné que la décision du président Saïed intervient suite à une “campagne fielleuse” orchestrée contre les magistrats des mois durant et aux “menaces proférées” pour des “raisons injustifiées et peu convaincantes”.
“Les révocations dont nos confrères étaient la cible étaient fondées sur des ‘rapports policiers’ et des ‘allégations fomentées par des ‘bloggeurs suspects’ qui manipulent à leur gré les dossiers personnels des magistrats dans une totale impunité”, a-t-il dit.
Les magistrats limogés ont été révoqués parce qu’ils n’ont pas obéi aux instructions et diktats émanant de l’Exécutif dans des affaires d’opinion publique, telles les affaires de l’UGTT, de l’appareil secret du mouvement Ennahdha et de l’octroi de la nationalité et des passeports falsifiés”, a-t-il encore soutenu.
Répondant aux reproches portés contre les magistrats grévistes accusés de saboter la marche du service de la justice, le président de l’AMT a avoué qu’il y a un retard “récupérable” contrairement à l’indépendance de la justice qui est une “ligne rouge” à ne pas franchir.
Trois des 57 magistrats visés par la décision révocation en vertu du décret présidentiel n°516 ont entamé une grève de la faim, à partir d’hier mercredi pour protester entre autres contre la décision de leur limogeage.
Décrié, le texte portant révocation de 57 magistrats a suscité de vives réactions émanant des structures judiciaires, en grève pour la troisième semaine consécutive (depuis le 6 juin).